Le Journal de Quebec

Une vraie équipe

- YVON PEDNEAULT

Savait-on chez les recruteurs du Canadien que Cole Caufield était un passeur de haut niveau ? On nous l’avait présenté comme un marqueur possédant un tir foudroyant, un marqueur exceptionn­el, mais on vient de découvrir un jeune homme avec une exceptionn­elle vision du jeu, avec un sens d’anticipati­on hors du commun.

Peut-être le découvrent-ils comme tous les amateurs de hockey, et surtout dans un contexte particulie­r…

On dit souvent qu’il ne faut pas s’emballer trop rapidement. Mais comment ne pas apprécier tout ce que cette formation a accompli récemment ?

Avait-on pensé un seul instant que la dernière équipe à se qualifier pour les séries serait la première à atteindre le carré d’as ? Qu’il ne lui manque que huit victoires pour atteindre le podium. Le Canadien a défié l’impensable. N’était-il pas au bord du gouffre après le quatrième match contre Toronto après avoir disputé un match qui a laissé un goût amer dans la bouche de ses plus chauds partisans ?

Depuis, il a signé sept victoires de suite.

IMPRÉVISIB­LE

Tout semble illogique, pourtant, les résultats ne mentent pas.

L’équipe à qui on avait imposé un calendrier irréaliste lors du dernier mois de la saison, alors qu’il y avait autant de patients à l’infirmerie que de joueurs sur la surface de jeu, eh bien cette formation profitera d’un congé amplement mérité... en attendant que l’avalanche du Colorado et les Golden Knights de Vegas terminent leur série, une série qui pourrait laisser des séquelles.

Il faut bien l’admettre, ça ne devait pas se passer ainsi.

Tout d’abord, les Maple Leafs de Toronto étaient trop puissants.

Puis, les Jets de Winnipeg venaient de liquider les Oilers d’edmonton en quatre matchs consécutif­s.

« Mais, on a toujours pensé que nous formions une bonne équipe, disait Tyler Toffoli. On n’a jamais baissé les bras, même dans les moments où les obstacles étaient si nombreux et que la mission semblait impossible. Mais on y croyait. On croit en nos ressources. »

Ce club a-t-il d’autres lapins dans son chapeau ?

« Une chose est certaine, reconnaiss­ait Dominique Ducharme, nous, on veut continuer, ce n’est pas terminé. »

On peut comprendre l’entraîneur. Il a convaincu les joueurs qu’il avait un plan et ils l’ont acheté. Un plan avec un rôle spécifique pour chacun. Un plan peaufiné durant le repos avant la confrontat­ion contre les Leafs. Le plan a donné des premiers résultats à partir du cinquième duel.

Depuis, plus rien ne semble perturber les joueurs du Canadien. Bien au contraire. Ils se font un plaisir de semer la confusion chez des rivaux qui se disaient pourtant supérieurs. On ne regarde plus le CH avec le nez en l’air. On est plutôt étonné et aussi inquiet par tout ce qu’il a démontré jusqu’à maintenant.

PAS DE TRIO 1, 2, 3 OU 4

C’est pour cette raison qu’on ne doit pas identifier les trios par des numéros. Ça n’existe pas chez cette formation. Chaque unité doit se concentrer sur une mission bien distincte.

Le message a été accepté et surtout le plan a été exécuté avec une déterminat­ion poussée par une attitude où chacun met l’épaule à la roue. Ce qu’on a vu au cours des dernières semaines, c’est une équipe. Et tout ce que signifie une équipe.

Une équipe, ça se traduit par un but d’erik Gustafsson. Par deux buts en deux rencontres d’artturi Lehkonen, invité à remplacer Jake Evans. Par une brigade défensive qui s’est dressée comme un mur au cours des sept derniers matchs. Un système à quatre défenseurs appuyés par deux auxiliaire­s. Par une ligne de centre qui devait causer la perte de cette formation et qui, pourtant, exerce un impact majeur. Par des vétérans, notamment Eric Staal et Corey Perry, qui revivent les plus beaux moments de leur carrière, mais dans un rôle bien différent.

Et par un gardien qui ne cache pas que ce club est aussi bien nanti que tous ceux qu’il a connus depuis son arrivée à Montréal.

DU RESPECT

Maintenant, on passe à l’étape numéro trois.

Que ce soit l’avalanche ou les Knights, ces deux équipes engagées dans une lutte sans merci savent ce qui les attend.

Une compétitio­n différente, une compétitio­n où l’adversaire fonce avec une déterminat­ion impression­nante. Elle ne possède pas de Nathan Mackinnon ou de Mikko Rantanen. Elle n’a pas des effectifs de renom comme ceux des Knights qui ont fait de cette équipe d’expansion la plus productive dans l’histoire de la ligue.

Sauf que le Canadien donne tout son sens au mot équipe.

C’est pourquoi il représente­ra une énigme.

Comment cette formation a-t-elle pu atteindre le troisième tour des séries en 11 matchs ?

Les Golden Knights disputaien­t une 12e rencontre, hier, à Denver.

Et si la série nécessite un match ultime, l’avalanche aura disputé, devinez quoi ? Le même nombre de parties que le CH. Est-ce suffisant pour attirer l’attention ? Assez en tous les cas pour commander le respect.

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Les joueurs du Canadien ont salué la foule après la victoire de lundi, au Centre Bell.
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