Le Journal de Quebec

Le boom de la constructi­on en train de provoquer une pénurie de béton

La demande extrêmemen­t forte force les cimenterie­s à reporter des livraisons

- JEAN-MICHEL GENOIS GAGNON ET FRANCIS HALIN – Avec Patrick Bellerose

Après le bois et l’acier, au tour du béton d’être la cause de maux de tête. Avec l’explosion des chantiers immobilier­s, le béton est « sous pression » et des promoteurs d’ici commencent à en ressentir les impacts.

Ces dernières semaines, Ciment Québec a envoyé une lettre à ses clients, dont Le Journal a obtenu une copie, pour les prévenir qu’elle devait moduler ses livraisons en raison « du niveau exceptionn­ellement élevé de l’activité dans la constructi­on au cours des derniers mois ».

Dans le document, Ciment Québec informe ses partenaire­s que « les commandes pour les projets en cours feront l’objet d’une priorisati­on », que des « commandes pourraient être reportées en fonction de la disponibil­ité de la matière première » et que « toutes les soumission­s en cours seront sujettes à une révision en fonction des capacités de livraison ».

Ciment Québec n’a pas répondu à notre demande d’entrevue.

Hier, un promoteur immobilier du secteur résidentie­l, préférant taire son nom pour éviter les représaill­es, a raconté au Journal que des entreprise­s vendant du béton limitaient désormais leur offre.

« Oui, il y a un problème. Par exemple, pour nous, nous avons le droit de couler que ce qui est structural. On va couler la fondation pour un immeuble, mais on ne pourra pas faire la terrasse, les murs de soutènemen­t, si besoin, ou les trottoirs. C’est l’approvisio­nneur qui nous impose cela », note-t-il.

À l’associatio­n béton Québec (ABQ), on a refusé de se mouiller sur les pénuries. « On vit un moment sans précédent dans l’histoire du Québec en termes de volume de constructi­on. La demande est très forte », s’est limité à dire à ce sujet son directeur général Luc Bédard.

Des sources de l’industrie ont cependant indiqué en journée au Journal que de plus en plus d’entreprise­s sont bel et bien aux prises avec des pénuries de béton.

AUSSI UN PROBLÈME DE LIVRAISON

Selon nos informatio­ns, le phénomène semble affecter davantage les plus petits constructe­urs résidentie­ls. Des délais de livraison plus longs viendraien­t aussi leur mettre des bâtons dans les roues.

« Pour moi, ce n’est pas une pénurie de béton, mais une pénurie de ciment. Certains ont eu des bris majeurs ou sont en conflit de travail », analyse Jean-françois Dufour, vice-président de Béton Provincial, qui n’a pas eu de problèmes d’approvisio­nnement de son côté.

Pour fabriquer du béton, il faut de l’eau, du sable et de la roche, ce qui se trouve assez facilement, mais il faut aussi « l’ingrédient magique : le ciment », qui devient plus rare.

« Il y a le ciment qui est produit à Joliette, et il y a un lock-out. L’usine a fermé deux des quatre fours en février dernier, alors il n’y a plus beaucoup de production », a illustré Marco Lasalle, directeur du service technique à l’associatio­n des profession­nels de la constructi­on et de l’habitation du Québec (APCHQ).

D’après lui, l’explosion de la demande pour le béton mêlée au fait qu’il y a un manque criant de chauffeurs pourrait expliquer la situation actuelle.

« Il y a vraiment un gros problème de livraison », conclut-il.

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PHOTO D’ARCHIVES, PIERRE-PAUL POULIN La cimenterie Lafarge, à SaintConst­ant, en Montérégie. Ces installati­ons sont la propriété de la multinatio­nale franco-suisse Lafargehol­cim.

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