Convictions, superstitions et trucs pour gagner
Marc Bergevin pourrait devoir continuer de porter cet habit rouge encore longtemps, lui qui prend tous les moyens pour gagner et qui est en train de remporter plusieurs de ses paris.
Les souvenirs des deux dernières conquêtes de la coupe Stanley du Canadien remontent à la surface depuis que l’équipe a accédé au carré d’as. Rien n’est encore gagné, mais n’empêche. Le Québec est devenu hockey en plein coeur de l’été. Les amateurs se remémorent des souvenirs de 1986 et 1993. Dans une dizaine d’années, on se rappellera peut-être le complet rouge que Marc Bergevin portait lors des victoires contre les Maple Leafs de Toronto et les Jets Winnipeg. Faisons ensemble un voyage dans le temps.
GAINEY SAUVE PERRON
27 mars 1986 :
le diable est aux vaches ! Le Canadien a perdu six matchs d’affilée. Jean Perron est sur la sellette. Des rumeurs disent qu’il perdra son poste si le Tricolore subit une septième défaite consécutive, ce jour-là, à Boston. Le capitaine Bob Gainey crée l’égalité 3 à 3 durant la sixième minute de jeu de la troisième période. La période de prolongation de cinq minutes ne fait pas de vainqueur, mais les choses se replacent pour Perron.
LES LEADERS S’IMPOSENT
12 avril 1986 :
Les séries commencent. Larry Robinson et Bob Gainey, les deux derniers survivants des éditions championnes de 1976 à 1979, exercent leur influence dans le vestiaire. Patrick Roy aide les siens à balayer les Bruins dans ce qui était alors des séries trois de cinq au premier tour.
LEMIEUX S’ÉCLATE !
29 avril 1986 :
les Whalers de
Hartford sont en feu, eux aussi. Ils ont écarté les Nordiques, premiers au classement de la division Adams, en trois rencontres au premier tour. La finale de division se joue en prolongation dans le septième match. Claude Lemieux met fin au suspense en s’emparant de la rondelle derrière le filet pour ensuite la loger au-dessus de l’épaule gauche de Mike Liut. C’est l’euphorie au Forum ! Il s’agit d’un sixième but en 10 matchs pour Lemieux dans les séries.
ROY PARLE À SES POTEAUX
5 mai 1986 :
après ceux de Montréal, les médias de New York consacrent Patrick Roy au rang de vedette. Ils veulent tout savoir sur ses tics, lui qui passe son temps à bouger la tête sous son masque tout blanc, ainsi que sur sa manie de parler à ses poteaux. Lui répondent-ils ? Et Roy de répondre : « Oui, ils disent ping quand la rondelle frappe un poteau ! » Mais Roy bloque beaucoup plus de rondelles. Il effectue une quinzaine d’arrêts en moins de 10 minutes dans une autre victoire en prolongation du Tricolore, lors du cinquième match de la finale de l’association Prince de Galles, au
Madison Square Garden. Claude Lemieux signe encore le but de la victoire avec son huitième des séries.
LA COUPE REVIENT
24 mai 1986 :
le Canadien remporte la coupe Stanley pour la 23e fois de son histoire. Patrick Roy, qui a maintenu un taux d’arrêts de ,923 et conservé une moyenne de buts accordés de 1,93, reçoit le trophée Conn Smythe. Claude Lemieux conclut les séries avec 10 buts et six mentions d’aide en 20 matchs.
DEMERS VISE HAUT
8 septembre 1992 :
les joueurs font connaissance avec les talents de motivateur de Jacques Demers, lors de l’ouverture du camp d’entraînement. Leur nouvel entraîneur leur dit qu’ils vont renverser le monde du hockey et gagner la coupe Stanley.
BIÈRE POUR TOUS !
1er mars 1993 :
le Canadien est sur une lancée de six victoires. Après une victoire à Boston, Demers distribue de la bière à tout le monde dans le vestiaire, incluant même les journalistes. Mais la série victorieuse s’arrête là. Le Tricolore conserve une fiche de sept victoires contre 10 défaites à ses 17 dernières rencontres. Mais les journalistes, eux, continuent de se gargariser au houblon !
LE CANADIEN EN NOIR !
18 avril 1993 :
le Tricolore cause une surprise le matin du premier match des séries, à Québec. Les joueurs sautent sur la glace vêtus de chandails d’entraînement noirs. Il paraît que le noir fait paraître les joueurs plus gros. C’était vrai pour les plus musclés, en particulier John Leclair, mais Stephan Lebeau ne paraît pas plus gros.
SAVARD RALLIE SES JOUEURS
20 avril 1993 :
les Nordiques prennent les commandes de la série en remportant les deux premiers matchs au Colisée. Ils remportent le premier match en prolongation, mais ils sont dominants dans la deuxième rencontre. Serge Savard sent le besoin de rallier ses troupes. En montant dans l’autobus pour le retour à Montréal, il lance à ses joueurs que la série est loin d’être terminée et qu’ils vont gagner.
LA BONNE SAINTE-ANNE
25 avril 1993 :
Marc Simoneau lance une bombe sur la radio de Québec. Jacques Demers a été vu en train de prier à la basilique Sainte-anne-de-Beaupré. Certains tournent l’affaire en dérision. Mais l’entraîneur du Canadien ne joue pas un jeu. Il est croyant. Le lendemain, Kirk Muller marque en prolongation pour permettre au Tricolore de prendre les devants 3 à 2 dans la série.
ALLÉLUIA !
28 avril 1993 :
les prières de Jacques Demers sont exaucées. Le Canadien élimine les Nordiques dans ce qui sera la dernière confrontation en séries entre les deux grands rivaux québécois. Encore une fois, Patrick Roy a volé le show avec ses performances prodigieuses. Pendant ce temps, Pierre Pagé passe un savon à Mats Sundin dans ce qui deviendra une pièce d’anthologie de la télévision sportive.
LE BÂTON DE CASSEAU
Patrick Roy continue de faire parler de lui pour ses superstitions.
Ainsi quand il quitte son filet pour se rendre au banc pendant les pauses publicitaires, il enjambe les lignes sur la glace. Il joue aussi avec le même bâton que le préposé à l’équipement, Pierre Gervais, prend soin de remiser en lieu sûr entre chaque match. Un jour, le bâton est porté disparu. C’est le branle-bas de combat ! Le bâton de Casseau doit être retrouvé coûte que coûte. Ce qui est le cas finalement.
AS-TU TA CARTE ?
Jacques Demers trouve un autre moyen de garder ses joueurs sur le qui-vive.
Au début des séries, il remet à chacun une carte qu’ils doivent avoir sur eux en tout temps, sans quoi ils ont à payer une amende. Le message rédigé en anglais dit : « We are on a mission. We are making a team commitment in 1993. » Patrick Roy ajoute son grain de sel après la défaite du Canadien dans le premier match de la finale contre les Kings de Los Angeles. Son message dit : « Un vrai gagnant ne s’attarde pas tant aux succès qu’à la grande et ultime victoire. Le reste n’est que prétention temporaire. »
Le 9 juin, le Canadien gagne sa 24e coupe Stanley, sa dernière à ce jour.