Le Journal de Quebec

Des coupes forestière­s qui sont dénoncées

Les partis d’opposition trouvent cela « scandaleux »

- CHARLES LECAVALIER

Les coupes forestière­s industriel­les sont totalement incompatib­les avec un projet d’aire protégée sur l’île d’anticosti, dénoncent les partis d’opposition.

« Je trouve ça scandaleux », a déploré la cheffe libérale, Dominique Anglade, en point de presse hier matin.

Québec a annoncé mardi un projet pilote d’aire protégée d’utilisatio­n durable de près de 5000 km2 sur l’île d’anticosti. Le hic : des coupes forestière­s y ont lieu, comme le montrent des photos publiées par Le Journal et prises par le directeur général de la Société canadienne pour la nature et les parcs du Québec (SNAP-QUÉbec). « Les images parlent, et c’est criant : ce sont des coupes industriel­les. Des coupes à blanc », a-t-il dit en entrevue.

Pour la députée de Québec solidaire Émilise Lessard-therrien, cela décrédibil­ise le concept d’aire protégée.

PETITS GÉNIES

Elle flaire l’astuce de « petits génies du gouverneme­nt » qui ont trouvé une solution : le concept d’« aire protégée d’utilisatio­n durable », qui ne protège, en fait, « que les compagnies de bois et le ministre des Forêts ». En Chambre, le ministre des Forêts, Pierre Dufour, a rétorqué que ce ne sont pas des coupes à blanc, mais des coupes en damier, et qu’elles sont nécessaire­s, dit-il, pour la survie du cerf de Virginie. De son côté, le ministre de l’environnem­ent, Benoît Charette, a défendu sa « formidable annonce » : « On parle de 5000 km2. Si on considère les 30 % qui sont protégés, c’est 90 % de l’île d’anticosti qui sera ultimement protégée », a-t-il lancé.

Mais les coupes forestière­s se poursuivro­nt-elles? M. Charette a rétorqué que « le milieu de l’île d’anticosti » et Nature Québec vont participer à la création de « paramètres qui permettron­t une conservati­on durable ».

La critique libérale en matière d’environnem­ent, Isabelle Melançon, maintient toutefois que des aires protégées d’utilisatio­n durable ne sont pas compatible­s avec des coupes forestière­s industriel­les. « Ça ne sent pas bon, on essaie de nous faire avaler du n’importe quoi », a-t-elle lancé.

Pour le biologiste Alain Branchaud, de la SNAP, il est clair que Québec veut avoir « le beurre, l’argent du beurre et le troupeau de vaches ». « On veut continuer à opérer une foresterie industriel­le, à maintenir le cheptel de cerfs de Virginie à des nombres élevés et, en plus, à faire reconnaîtr­e ce territoire d’aménagemen­t comme une aire protégée », explique-t-il.

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