Le Journal de Quebec

Joe Biden a du pain sur la planche en Europe

- PIERRE MARTIN l @Pmartin_udem

Pendant son premier séjour à l’étranger, le président aura fort à faire pour rafistoler le leadership internatio­nal américain, sévèrement amoché par son prédécesse­ur.

Dès sa sortie de l’avion, Joe Biden a fait faire un grand pas à la diplomatie américaine en montrant que le porte-parole des États-unis n’est plus un nationalis­te autoritair­e mégalomane cherchant à mobiliser l’attention en bousculant les normes et en reniant les engagement­s historique­s de son pays.

Pas mal, mais ce sera néanmoins difficile de convaincre alliés et adversaire­s qu’on peut dorénavant prendre les États-unis au sérieux en politique étrangère.

UN LEADERSHIP EN LAMBEAUX

Il n’est pas faux que les doutes sur la solidité du leadership américain existaient déjà avant l’entrée en scène de Donald Trump.

Pourtant, en reniant cavalièrem­ent l’accord de Paris sur le climat, en claquant la porte de L’OMS en pleine pandémie, en cherchant à monnayer bassement l’engagement des États-unis envers ses alliés, en abandonnan­t la promotion des valeurs démocratiq­ues et en s’écrasant devant Vladimir Poutine, entre autres choses, Trump a fait plus en quatre ans pour saper le leadership internatio­nal américain que plusieurs de ses prédécesse­urs réunis.

Joe Biden a tout un boulot de reconstruc­tion devant lui.

DES ACTIONS QUI S’IMPOSENT

Ne pas être Donald Trump, c’est bien, mais ça ne suffit pas.

La semaine dernière, la secrétaire au Trésor américaine Janet Yellen a fait un grand pas en parvenant à un accord de principe pour un impôt minimum des sociétés transnatio­nales. Joe Biden devra toutefois convaincre ses vis-à-vis qu’il pourra faire passer la législatio­n nécessaire, malgré le mur d’opposition des républicai­ns.

Sa promesse de fournir au reste du monde 500 millions de doses de vaccin ANTI-COVID est un geste extraordin­aire, mais ses adversaire­s politiques trouveront sans doute moyen de lui mettre des bâtons dans les roues.

Biden aura aussi tout un défi lors de son face-à-face avec Vladimir Poutine, qui ne lui fera pas de cadeaux et est passé maître dans l’art d’alimenter les divisions internes aux États-unis.

Ne pas être Donald Trump, c’est bien, mais ça ne suffit pas.

VAINCRE LE SCEPTICISM­E

Avant tout, dans un environnem­ent politique interne très incertain, où la possibilit­é d’un consensus bipartite, même en politique étrangère, est à son plus bas, c’est un défi pour Joe Biden de démontrer qu’il contrôle bien la gouverne de son pays.

Ce sera ardu, car ce test ne portera pas seulement sur les orientatio­ns de politique étrangère, mais également sur sa capacité de mettre en marche son programme interne.

Le reste du monde dépend de son succès, d’abord parce qu’une reprise globale POST-COVID serait difficile sans une solide reprise de l’économie américaine, mais aussi parce que le leadership internatio­nal des États-Unis dépend de la confiance de ses partenaire­s envers la stabilité des institutio­ns démocratiq­ues américaine­s.

Bref, ce que le reste du monde attend de Biden, c’est une assurance qu’on n’assistera pas à un retour en force de Trump ou du trumpisme. Ça, ça prendra plus qu’un voyage.

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