Le Journal de Quebec

Jusqu’où iront-ils pour nous salir ?

- MATHIEU BOCK-CÔTÉ e Blogueur au Journal Sociologue, auteur et chroniqueu­r mathieu.bock-cote @quebecorme­dia.com @mbockcote

Il n’a pas fallu grand temps pour que la presse canadienne­anglaise cherche à faire un lien entre l’odieux attentat antimusulm­an de London, en Ontario, et la loi 21. En gros, cette tuerie ontarienne s’expliquera­it par le nationalis­me québécois qui exciterait l’intoléranc­e au Canada.

On pourrait se contenter de dire qu’une telle associatio­n est imbécile, stupide, crétine, minable et dégueulass­e. Mais ce serait oublier qu’elle est révélatric­e d’un état d’esprit dominant chez les élites médiatique­s canadienne­s qui ont instrument­alisé l’attentat de London pour en faire porter la responsabi­lité au Québec.

Le Quebec bashing va bien. Questionné pour savoir ce qu’il pensait de cette associatio­n, Justin Trudeau a d’abord cherché à botter en touche avant de dire qu’au terme de la pandémie, les Québécois se seront détachés de la loi 21, car ils se seront habitués à se faire servir par des agents de l’état masqués, avant de suggérer ensuite qu’elle n’était pas sans lien avec « l’intoléranc­e » au Canada.

DIABOLISAT­ION

Trudeau nous prend-il pour des idiots ?

Ajoutons que cette associatio­n malveillan­te entre l’attentat de London et la loi 21 circulait massivemen­t sur les réseaux sociaux.

La thèse qui revient est toujours la même : le Québec, laissé à lui-même, serait fondamenta­lement intolérant.

Il représente­rait une tumeur dans le Canada, engendrant bien au-delà de ses propres frontières des métastases.

Il faudrait pour cela le mater en le diabolisan­t.

On lui infligera une propagande où on l’assimilera sans cesse au racisme. On poussera les Québécois à avoir honte d’eux-mêmes.

On les invitera à se rééduquer en devenant des Canadiens multicultu­ralistes comme les autres, pour se délivrer de leur identité toxique.

Au Canada, toutes les formes d’intoléranc­e sont condamnées, sauf l’intoléranc­e contre le Québec, valorisée.

Qu’on me permette un rappel historique : pendant la Première Guerre mondiale, le Canada anglais ne cachait aucunement son hostilité à l’endroit du Québec, considéré comme une province rebelle à cause de son hostilité à la conscripti­on.

La haine antiquébéc­oise était tellement prononcée que, en décembre 1917, Joseph-napoléon Francoeur a présenté une motion – on parle d’ailleurs de la motion Francoeur – à l’assemblée législativ­e du Québec qui se lisait ainsi : « […] que la province de Québec serait disposée à accepter la rupture du pacte confédérat­if de 1867 si, dans les autres provinces, on croit qu’elle est un obstacle au progrès et au développem­ent du Canada ».

HISTOIRE

Autrement dit, si nous sommes à ce point de trop dans ce pays, aussi bien le quitter.

Cette motion n’a pas été mise au vote, hélas, mais on comprend l’idée.

J’ai quelques amis fédéralist­es de bonne foi qui, ces jours-ci, commencent à se dire la même chose.

Ils se demandent jusqu’où le Canada anglais ira pour nous salir.

Si, pour le Canada, notre peuple devient à ce point gênant, au point de lui faire porter la responsabi­lité d’une horrible tuerie en Ontario, nous pouvons toujours en sortir.

Je souhaite à mes amis d’aller jusqu’au bout de leur réflexion.

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n’a plus de limites
La haine antiquébéc­oise n’a plus de limites
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