Le Journal de Quebec

Des choix ardus pour un couple endetté

- Emmanuelle Gril emmanuelle.gril @quebecorme­dia.com

Jean-françois a 61 ans et compte prendre sa retraite dans deux ans. Sa conjointe, Catherine, 55 ans, a perdu son emploi dans l’hôtellerie et voit arriver la fin de ses prestation­s. Les dettes pèsent lourd dans leur budget et ils se demandent s’ils ne devraient pas vendre leur maison.

Le couple possède une propriété évaluée par la municipali­té à 225 000 $, mais il pourrait sans doute en obtenir 280 000 $. Il reste encore un solde de 180 000 $ à payer sur son hypothèque.

Ils ont aussi quelques économies, notamment des REER de 64 000 $ pour Jean-françois, mais c’est surtout sur la vente de leur maison qu’ils comptent pour assurer leurs vieux jours. Or, si l’on additionne leurs cartes, marges de crédit et prêts personnels, leurs dettes s’élèvent à 28 800 $ pour Catherine et à 43 500 $ pour son conjoint.

Avec deux salaires, ils éprouvaien­t déjà des difficulté­s à joindre les deux bouts, mais après la perte d’emploi de Catherine et l’incertitud­e de la reprise du secteur de l’hôtellerie, leur faudra-til vendre leur maison ? Pour le savoir, ils sont allés rencontrer un expert de la firme de syndic autorisé en insolvabil­ité Jean Fortin et Associés.

VENDRE OU REFINANCER

Le couple souhaite rembourser ses dettes, mais en limitant les dégâts autant que possible et sans avoir à utiliser les REER de Jean-françois avant ses 65 ans. Quelques choix s’offrent à eux. Tout d’abord, compte tenu de l’effervesce­nce du marché immobilier, le profit réalisé s’ils vendaient leur maison suffirait probableme­nt à payer leur dû. Cependant, il leur faudrait quand même se loger ailleurs et la rareté des logements risque de rendre la tâche coûteuse et difficile.

Autre solution : refinancer la résidence en augmentant leur hypothèque pour payer leurs dettes.

« Cela entraînera­it plusieurs inconvénie­nts. Ainsi, une évaluation de la propriété sera sans doute nécessaire, ce qui engendrera des frais. Si la demande de financemen­t excède 80 % de la valeur de la maison, ils devront aussi souscrire à une assurance-prêt, ce qui dans leur cas pourrait dépasser 10 000 $ », explique Pierre Fortin, syndic autorisé en insolvabil­ité et président de Jean Fortin et Associés.

De plus, puisque les deux copropriét­aires sont responsabl­es de l’hypothèque, ils deviennent tous deux responsabl­es à 100 % des dettes de l’autre, peu importe le montant de celles qu’ils avaient avant le refinancem­ent. Enfin, en ajoutant 72 000 $ à leur hypothèque existante, il leur faudra 15 ans plutôt que 10 pour la rembourser entièremen­t.

CONSOLIDAT­ION OU PROPOSITIO­N

Ces deux options sont donc loin de régler leurs problèmes financiers. Il reste toutefois deux autres voies à explorer.

« Le couple pourrait songer à demander un prêt de consolidat­ion qui leur permettrai­t de regrouper et rembourser leurs dettes d’un seul coup. Par la suite, ils n’auront plus qu’un seul paiement à effectuer chaque mois. L’objectif principal étant de réduire les frais d’intérêt, nous ne recommando­ns pas d’inclure la marge de crédit et le prêt personnel dans la consolidat­ion, puisque ceux-ci ont des taux moindres (8 et 9,5 %) que celui du prêt de consolidat­ion (de 12 à 14 %) », indique Pierre Fortin.

En prenant en compte uniquement les cartes de crédit, l’économie de frais d’intérêt devrait atteindre 10 000 $ sur cinq ans. En revanche, les paiements mensuels à effectuer pour rembourser ce prêt, ajoutés à ceux de la marge et du prêt, seraient encore de 1469 $ par mois, ce qui excède leur capacité financière.

La propositio­n de consommate­ur, qui consiste à offrir un règlement aux créanciers préparé et présenté par un syndic autorisé en insolvabil­ité, est un autre choix à considérer.

« En fonction des revenus et des actifs d’une personne, il est possible d’offrir un montant correspond­ant à la capacité financière réelle de celle-ci plutôt qu’au montant total de ses dettes », précise Pierre Fortin. Et puisque les intérêts cessent de courir sur les dettes comprises dans la propositio­n, les paiements mensuels sont grandement réduits, car chaque dollar réduit le capital dû.

Jean-françois et Catherine ont opté pour la propositio­n. Cela représente un versement mensuel de 600 $ pour Jean-françois et de 400 $ pour Catherine, et ce, pendant 60 mois. Ils économiser­ont ainsi plus de 700 $ mensuellem­ent, sans compter les frais d’intérêt qu’ils n’auront pas à payer. Ils pourront vendre leur maison quand ils seront prêts à le faire.

Leur dossier de crédit en sera entaché, mais le couple approchant de la retraite, il n’envisage pas d’avoir besoin de crédit et est heureux de pouvoir compter sur un solide plan de règlement de dettes.

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