LA CONTROVERSÉE PRIME « OXYGÈNE » A EXPLOSÉ
Plus que jamais, des docs touchent le gros lot sans effort
La controversée « prime oxygène » versée aux médecins spécialistes a explosé depuis deux ans même si on discute de son abolition depuis plus de cinq ans.
Selon les données obtenues par notre Bureau d’enquête auprès de la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ), le montant versé est passé de 2,87 millions $ en 2018-2019 à 4,6 millions $ cette année.
Ce dernier chiffre pourrait augmenter puisque les médecins ont encore quelques semaines pour envoyer leur facture. Une centaine de docteurs ont touché la prime en 2020-2021, ce qui donne une moyenne d’environ 47 000 $ chacun.
La semaine dernière, la vérificatrice générale du Québec, Guylaine Leclerc, a dénoncé la lenteur à abolir cette prime identifiée comme problématique par la RAMQ dès 2015.
Même la Fédération des médecins spécialistes dénonce la lourdeur bureaucratique pour modifier la rémunération ( voir autre texte).
54 000 $ EN UNE SEMAINE
La prime consiste en un montant de 34,80 $ par quart d’heure versé aux anesthésistes responsables du maintien d’un patient en oxygénation extracorporelle.
Il s’agit de la surveillance d’un appareil appelé ECMO, qui est utilisé surtout pour des patients aux soins intensifs, dont le coeur et les poumons n’arrivent plus à oxygéner le sang.
Certains médecins vont facturer ce montant pendant plusieurs jours à raison de 3340 $ quotidiennement. Un montant qui est bonifié de 150 % entre minuit et 7 h du matin.
Le docteur n’a même pas besoin d’être à l’hôpital pour toucher la prime.
Ainsi, l’an dernier, notre Bureau d’enquête avait révélé qu’un médecin avait facturé 54 000 $ en seulement huit jours, même pendant qu’il dormait.
Dans son rapport publié la semaine dernière, le bureau de la Vérificatrice générale est cinglant.
« Dès 2015, la RAMQ s’est interrogée sur la facturation des médecins au quart d’heure pour le maintien du support extracorporel, puisque certains médecins le facturaient de façon continue sans être au chevet des patients », peut-on y lire.
PLUS D’AIDE AUJOURD’HUI
On y apprend aussi que le travail des médecins spécialistes a évolué avec les années. S’ils devaient autrefois rester près du patient, ils peuvent aujourd’hui compter sur l’appui des perfusionnistes et du personnel infirmier qui prennent le relais une fois que l’appareil est installé.
Le rapport déplore aussi le délai de trois ans pour abolir la prime jaquette qui était versée à certains médecins spécialistes qui revêtaient des équipements de protection pour visiter des patients contagieux.