Son ancien mari était un danger pour lui et autrui
La dame tuée à Contrecoeur avait vu le tribunal retirer à son ex ses armes de chasse
SOREL-TRACY | L’homme qui a tué son ex-femme avant de s’enlever la vie, à Contrecoeur, se trouvait depuis des mois dans un « état mental perturbé », au point où on lui avait retiré ses armes à feu pour sa protection et celle d’autrui.
En janvier, le juge Denys Noël avait ordonné à David Joly, 49 ans, de renoncer à ses cinq armes, ses munitions et ses permis au moins jusqu’à la fin de l’été, au palais de justice de Sorel-tracy.
Quatre mois plus tôt, un ami de l’homme avait alerté les autorités, car il avait « menacé de se suicider ». Dès le lendemain, des policiers avaient saisi de façon préventive tout son matériel de chasse.
Joly a par la suite été hospitalisé en psychiatrie, peut-on lire dans un document de la cour. Puis il ne s’était pas objecté à ce que ses armes demeurent saisies, lors de l’audience du 5 janvier dernier.
« Si ça peut aider la cour, je n’en ai pas besoin avant septembre prochain, à la période de chasse », avait-il dit.
La procureure de la Couronne Geneviève Beaudin avait alors suggéré que l’interdiction de possession d’armes subsiste « jusqu’à la fin août, pour s’assurer que [son] état médical soit mieux ».
Mais la mesure n’aura pas été suffisante pour prévenir le 12e féminicide de l’année au Québec. Mercredi, Lisette Corbeil, 56 ans, a été découverte sans vie dans sa résidence, sur la route Marie-victorin.
SÉPARÉS DEPUIS UN AN
C’est la fille de son nouveau compagnon qui l’aurait trouvée inanimée, après que son père, inquiet d’être sans nouvelles, lui a demandé d’aller s’enquérir de son état.
Le corps de Joly, avec qui elle était mariée depuis 2003, a ensuite été trouvé à l’étage par des policiers. Ils n’étaient plus ensemble depuis environ un an.
Selon un ami qui avait tenté d’offrir son aide, des signaux d’alarme étaient bien présents chez David Joly : il s’était isolé, renfermé et avait changé.
« À la fin, ça n’allait pas bien, son histoire. Dans sa tête, ça allait moins bien », témoigne Sylvain Deblois, qui déplore qu’on ne puisse forcer les hommes en détresse à recevoir de l’aide.
« Mais qu’est-ce qu’on attendait ? Qu’elle meure ? Il faut obliger les gens à être soignés quand ça ne va pas au point d’être dangereux », ajoute avec peine Guylaine Ducharme, une cousine de la victime.
« Elle avait peur de lui. Quand elle lui a demandé de quitter la maison, il a été violent verbalement et elle avait appelé la police, poursuit-elle. C’est un homme narcissique qui a perdu le pouvoir sur sa conjointe. »
INSUFFISANT
Enlever les armes n’est pas suffisant, selon une coordonnatrice en maison de femmes victimes de violence conjugale.
« Ça prend [aussi] une structure d’encadrement, du soutien psychosocial, soutient Maud Pontel, de l’alliance MH2. Comme société, il faut qu’on développe ces mécanismes d’urgence et de protection. Il n’y a pas juste les armes à feu qui peuvent tuer. »
Mme Pontel rappelle que la détresse psychologique n’excusera jamais un meurtre.