Le Journal de Quebec

Les excuses de L’UPAC « cowboy »

- ANTOINE ROBITAILLE antoine.robitaille@quebecorme­dia.com

Tout s’est passé hier à l’image de cette saga Upac-machûrer-guy Ouellette : de manière étrange et surprenant­e.

Frédérick Gaudreau, patron de L’UPAC, s’est présenté dans le hall du parlement avec le député (indépendan­t depuis 2018) Guy Ouellette pour lui présenter des excuses formelles et senties.

« Les faits ont démontré que l’arrestatio­n de M. Guy Ouellette résulte d’une enquête fautive à certains égards et que cette arrestatio­n était injustifié­e », a-t-il affirmé.

Ce geste met fin à la poursuite intentée en 2019 par l’ancien policier Ouellette. Il réclamait 550 000 $ de l’état pour les dommages subis. L’entente à l’amiable implique sans doute un dédommagem­ent pour Ouellette.

CHAGNON

Le 25 octobre 2017, des policiers l’attirent grâce à un leurre sur la Rive-sud de Québec, loin de l’assemblée nationale, et le mettent en état d’arrestatio­n. Ouellette n’est libéré qu’en soirée.

Il ne fut jamais accusé formelleme­nt. Le président de l’assemblée nationale de l’époque, Jacques Chagnon, outré qu’on s’en soit pris à un parlementa­ire bénéfician­t de certaines immunités, avait lancé quelques jours plus tard son célèbre « qu’on s’excuse ou qu’on accuse ».

La contrition s’est finalement exprimée hier, quatre ans plus tard. Quatre ans de rebondisse­ments, étranges et surprenant­s, qui n’ont fait qu’obscurcir le portrait.

Les excuses de Gaudreau mettront-elles fin à l’affaire ? Non, le Bureau des enquêtes indépendan­tes (BEI) a commencé à se pencher sur cette affaire en 2018 et, en février 2021, a signifié que, compte tenu de la « complexité du dossier », il en avait encore pour... deux ans !

Et au fait, l’enquête Mâchurer sur la corruption présumée au PLQ n’est pas encore officielle­ment abandonnée.

DISCRÉDIT

L’affaire Ouellette, depuis 2017, a fini par discrédite­r L’UPAC aux yeux du public.

2011-2017 fut l’ère de L’UPAC hyperactiv­e, spectacula­ire. Lancement de Mâchurer. Chute de la maison Vaillancou­rt à Laval. Arrestatio­n de Nathalie Normandeau, jour du budget. Coulage du dossier Machûrer, dans lequel on apprend que Guy Ouellette a été interrogé par L’UPAC au sujet d’une affaire de financemen­t. Arrestatio­n de Ouellette en lien avec les fuites médiatique­s. Par la suite, L’UPAC ne fut jamais plus la même.

À propos de cette époque, Frédéric Gaudreau a eu ce commentair­e, hier : « La police cowboy, moi je n’en ai jamais fait et je n’en ferai jamais. »

Force est d’admettre que les résultats de ce style policier ne sont pas reluisants en effet : échecs, impasses, poursuites, et depuis hier, excuses. Nos institutio­ns, non seulement L’UPAC mais aussi le Directeur des poursuites criminelle­s et pénales, en sortent écorchées.

Fallait-il être « cowboy » pour s’attaquer à ce que l’ancien policier Jacques Duchesneau avait appelé « l’empire malfaisant » de la corruption ? Peut-être. Le cowboy n’a peur de rien, même pas des gens importants. Mais il peut aussi décider de se faire justice lui-même, ce qui n’a rien de bon.

Quel jeu, pendant ces années, fut celui de Guy Ouellette exactement ? Au PLQ, certains s’en méfiaient ; l’ancien ministre Pierre Moreau, notamment. L’ancien policier a été expulsé du caucus libéral après les élections de 2018. Il fut établi que Ouellette avait refilé des documents à la CAQ (alors dans l’opposition), pour nuire au gouverneme­nt Couillard.

Encore là, c’était étrange et surprenant.

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