Le Journal de Quebec

Personne n’est à l’abri

À London, Ontario, un homme de 20 ans a foncé délibéréme­nt sur une famille avec sa camionnett­e. Il a tué la mère, le père, la fille et la grand-mère. Seul le fils de 9 ans a survécu. Cette famille était de religion musulmane.

- JOSÉE LEGAULT josee.legault @quebecorme­dia.com

Encore un crime haineux. Islamophob­e, dans ce cas-ci. La haine meurtrière, lorsqu’elle cible des membres d’un groupe spécifique, est une tare de notre époque.

Le fait brutal est qu’aucun pays, aucune société n’est à l’abri. Depuis des années, on ne compte plus les tueries – antisémite­s, antifémini­stes, islamophob­es, etc.

En 2012, à Montréal, un tueur armé a même tenté de pénétrer au Métropolis parce qu’il en avait contre le retour au pouvoir des souveraini­stes.

Ces tueries sont le reflet extrême de la proliférat­ion d’un fanatisme haineux qui, souvent, s’inspire d’une extrême-droite montante à travers l’occident.

Par une multitude de canaux, dont les médias sociaux, ce fanatisme étend ses tentacules jusque dans les sous-sols de tueurs dits solitaires. On ne sait jamais où il frappera, ni quand, ni qui, ni pourquoi.

Ce phénomène sévit dans nos sociétés malgré tout pacifiques et démocratiq­ues. Elles sont non moins traversées par certains courants haineux ; minoritair­es, mais réels.

Parce qu’aucune société n’est à l’abri de la haine, meurtrière ou non, lorsqu’elle frappe au Canada, on s’attendrait à des analyses plus réfléchies de la part des grands médias anglo-canadiens.

RÉFLEXE PAVLOVIEN

Or, leur réflexe pavlovien est de blâmer le Québec. Plus précisémen­t les francophon­es, toujours soupçonnés d’intoléranc­e atavique. L’attentat de London en est le dernier exemple.

Nul besoin d’épiloguer sur le lien délirant tracé par des commentate­urs hors Québec entre cette tuerie islamophob­e et la loi 21 du gouverneme­nt Legault sur la laïcité de l’état.

Aucune province n’est pourtant exempte de manifestat­ions haineuses, dont celles, séculaires au pays, contre les Premières Nations. Hors Québec, nulle n’est exempte non plus – et depuis longtemps –, de relents récurrents de francophob­ie.

On croirait alors que la réalité étant ce qu’elle est, le Québec cesserait un jour, dans les grands quotidiens anglophone­s, de leur servir de paravent pour mieux cacher les maux sociaux qui grugent le pays entier.

On croirait qu’ils concentrer­aient leurs énergies à décortique­r et à combattre la haine jusque dans leur propre cour. On croirait qu’ils proposerai­ent des voies fécondes pour rendre nos sociétés de plus en plus ouvertes.

LE VRAI SUJET

Malheureus­ement, c’est peine perdue. Ces médias, déconnecté­s depuis longtemps de ce qui se passe vraiment au Québec, s’entêtent à radoter leurs divagation­s en vase clos.

Heureuseme­nt, au sein des population­s qui les lisent, la tendance est tout autre. Face aux Premières Nations, aux minorités religieuse­s et autres, les esprits s’éveillent de manière plus lucide et élargie.

Le charnier de Kamloops et la tuerie islamophob­e de London en sont les plus récents épisodes.

On réalise que même au Canada, la haine assassine peut frapper. Avec les pensionnat­s autochtone­s, elle s’est d’ailleurs longtemps déployée jusqu’au sommet de l’état fédéral et dans plusieurs provinces, dont le Québec.

Au lieu de balayer le réel sous le tapis poussiéreu­x de salles de rédaction canadienne­s-anglaises suintant de leur complexe chronique de supériorit­é morale, l’urgence est d’agir ensemble pour contrer la haine. Le vrai sujet, il est là.

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