Le Journal de Quebec

Religion et politique : rienn de surprenant­urp

- THOMA AS MULC CAIR Ex-ministre de l’environnem­ent et ex-chef du NPD thomas.mulcair @quebecorme­dia.com

Saviez-vous que seuls les protestant­s ont le droit d’être chefs d’état du Canada ?

C’est vrai. En vertu de la loi britanniqu­e sur la succession à la Couronne, seuls les membres de l’église d’angleterre peuvent devenir reine ou roi.

La religion et la politique sont, et ont toujours été, intimement reliées.

Dans les pays modernes avec garanties démocratiq­ues des droits individuel­s, les différence­s religieuse­s font rarement partie du débat public.

Aux États-unis, un des pays au monde où les droits individuel­s sont les mieux défendus, il y a néanmoins eu de nombreuses attaques contre des minorités religieuse­s dans la foulée du 11 septembre.

On dirait que la tolérance religieuse de surface cache souvent de l’intoléranc­e qui peut surgir à tout moment.

PARTISANER­IE ET DROITS

C’est triste, mais puisque la religion et la politique vont de pair, il y en aura toujours qui essaieront de tirer un avantage partisan de l’intoléranc­e, sans jamais avouer que c’est ce qu’ils font.

J’ai fait quatre campagnes électorale­s fédérales au Québec et chaque fois, il y avait un ou des partis politiques qui essayaient d’utiliser la question religieuse à leur avantage.

En 2007, dans le sous-sol de notre bureau de campagne avec Ed Broadbent, Alexa Mcdonough et nos organisate­urs, on essayait de trouver les meilleurs mots pour combattre l’islamophob­ie utilisée par un de nos adversaire­s comme arme politique.

Théoriquem­ent, le débat portait sur le droit pour « une femme voilée » de voter.

Peu importe que le directeur général des élections explique que c’était légal, car on devait néanmoins s’identifier, leur but était atteint.

Nous sommes restés sur nos principes et nous avons gagné l’élection partielle dans Outremont.

Lors de l’élection générale suivante, j’ai fait de nombreuses entrevues, parfois hallucinan­tes, au sujet d’une de nos candidates qui portait un foulard comme symbole de sa religion.

Une des plus mémorables était à la radio d’état où la journalist­e a parlé sans cesse de notre candidate comme d’une femme « voilée », sans jamais mentionner, par exemple, qu’elle détenait un doctorat en économie de la Sorbonne !

Par la suite, dans le corridor, la journalist­e m’avait invectivé en disant, devant témoins, qu’il fallait « choisir son camp » !

Je savais que j’étais dans une bataille électorale, j’apprenais que cette journalist­e avait aussi décidé que c’était une bataille religieuse.

L’INTOLÉRANC­E DE L’ÉTAT

Le Québec est la seule juridictio­n en Amérique du Nord à avoir adopté une loi qui interdit à un jeune homme sikh qui porte le turban de devenir policier, à un avocat juif d’être procureur s’il porte la kippa ou à une femme d’enseigner si elle porte un foulard, symbole de sa foi.

Cette intoléranc­e rejaillit très négativeme­nt sur nous, au Québec, une province qui est, selon toute mon expérience, très majoritair­ement composée de gens qui acceptent la diversité et qui aiment leur prochain, peu importent leur origine ou leur langue maternelle ou leurs croyances religieuse­s.

La rationalis­ation d’une soi-disant « laïcité de l’état » est vue, chez beaucoup de nos voisins, comme l’intoléranc­e de l’état.

On peut ne pas aimer ça, mais on ne peut pas, non plus, faire semblant d’être surpris.

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Sa Majesté, la reine Élisabeth II, défenderes­se de la foi.

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