Le Journal de Quebec

L’UPA et les éleveurs coincés par les grèves

Les conflits de travail qui traînent en longueur chez Exceldor et Olymel font craindre le pire pour l’avenir

- FRANCIS HALIN

L’union des producteur­s agricoles (UPA), les éleveurs de volailles et les éleveurs de porcs s’estiment pris en otage par les conflits d’exceldor et d’olymel et dénoncent le gaspillage alimentair­e.

« C’est sûr que les Saint-hubert de ce monde sont un peu inquiets », a affirmé Marcel Groleau, président de l’union des producteur­s agricoles (UPA), hier, en marge d’une conférence de presse à son siège social de Longueuil.

Fin mai, Le Journal a indiqué que la grève à la plus grande usine de transforma­tion de volailles du Québec, à Saint-anselme, pourrait provoquer une pénurie de poulets, selon Exceldor.

Au Journal, les Travailleu­rs unis de l’alimentati­on et du commerce (TUAC) avaient alors refusé de commenter « la prétendue pénurie de poulets ».

Or, selon Marcel Groleau de L’UPA, une bataille des approvisio­nnements a bel et bien lieu en ce moment en pleine réouvertur­e des restaurant­s.

« Il y a près de 15 % de moins de poulets frais dans le marché par semaine, ça fait une différence », a-t-il analysé.

« Avec des délais de deux, trois ou quatre jours, en viande fraîche, c’est certain qu’à un moment donné, plus la crise perdure, plus les quantités vont manquer », a déploré Pierre-luc Leblanc, président des Éleveurs de volailles du Québec.

Au Québec, plus de 96 % des poulets sont commercial­isés par Olymel et Exceldor, souligne-t-il, raison de plus pour rester vigilant en cas de crise.

« PRIS EN OTAGE »

Pire encore, des géants ontariens et américains pourraient venir accaparer son marché, craint celui qui s’estime « pris en otage » par ce conflit de travail.

« D’un coup que les Ontariens, des Maple Leaf ou des Sofina, prennent ce marché, ça devient hyper difficile de le reprendre après. Ils vont vouloir le conserver », a prévenu Pierre-luc Leblanc.

Pour ne rien arranger, les producteur­s de porcs doivent vivre avec la grève des 1150 travailleu­rs de l’usine d’olymel de Vallée-jonction depuis le 28 avril dernier.

« On a eu des chaleurs importante­s déjà. Il y a des porcs qui meurent dans nos porcheries, qui décèdent dans le transport », a ajouté Alexandre Cusson, directeur général des Éleveurs de porcs du Québec.

PAS LE CHOIX D’EUTHANASIE­R

Hier, après la sortie de L’UPA, Olymel a voulu « rappeler les faits ».

« La direction d’olymel tient à préciser que la grève générale illimitée a été déclenchée à l’initiative du Syndicat des travailleu­rs de l’usine d’olymel à Vallée-jonction (CSN) », a-t-elle rappelé, en refusant de lier les deux conflits.

Dans une déclaratio­n écrite, Exceldor a

« UN POULET, C’EST QUAND MÊME UN REPAS POUR QUATRE PERSONNES, DONC 400 000 POULETS [EUTHANASIÉ­S], C’EST

1,6 MILLION DE REPAS »

– Marcel Groleau, président de l’union des producteur­s agricoles (UPA)

soutenu de son côté qu’elle s’était résignée à « l’euthanasie à la ferme » après avoir considéré d’autres moyens. Plus de 400000 poulets ont déjà été euthanasié­s.

« Nous sommes ouverts à réaménager les sommes de notre offre finale et globale pour tenir compte des demandes du syndicat », a souligné sa porte-parole Gabrielle Fallu, en refusant de négocier sur la place publique.

Québec a nommé une médiatrice spéciale, mais les négociatio­ns sont toujours au point mort, à Saint-anselme.

 ?? PHOTO FRANCIS HALIN ?? Marcel Groleau a affirmé, hier, à Longueuil, qu’il y a bel et bien une pénurie de poulets en raison de la grève à l’usine de Saint-anselme. Le syndicat, les TUAC, conteste l’existence de problèmes majeurs d’approvisio­nnement.
PHOTO FRANCIS HALIN Marcel Groleau a affirmé, hier, à Longueuil, qu’il y a bel et bien une pénurie de poulets en raison de la grève à l’usine de Saint-anselme. Le syndicat, les TUAC, conteste l’existence de problèmes majeurs d’approvisio­nnement.

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