Barry Trotz en parfait contrôle
Curieusement, les Islanders de New York devaient plonger dans la médiocrité après le départ de John Tavares.
Rappelez-vous la saga du joueur de centre. Demeurera-t-il à Long
Island ou poursuivra-t-il sa carrière sous d’autres cieux ? On ne pouvait s’imaginer les Islanders sans Tavares. Sans le capitaine d’une concession qui, avouons-le, tardait tout de même à prendre son envol. Il a passé neuf saisons dans la banlieue de New York et seulement trois fois a-t-il mené l’équipe à une participation aux séries éliminatoires.
Son départ, pourtant, représentait une lourde perte pour cette concession. Mais, pendant que les discussions contractuelles se poursuivaient, les Islanders effectuaient des changements majeurs chez les décideurs.
LA RUSE DE LAMORIELLO
Le bon vieux Lou Lamoriello, chassé de Toronto pour faire place à un jeune homme, Kyle Dubas, mettait les deux mains sur le gouvernail de l’entreprise. Première décision importante : accueillir Barry Trotz qui venait de gagner la coupe Stanley à Washington. Ensuite, le dossier Tavares. Lamoriello est rusé. Il savait que ses chances de convaincre le joueur de centre étaient minces pour ne pas dire nulles. Par conséquent, il s’est consacré sur ce qu’il pouvait contrôler. Dans les négociations, il est dur, mais il sait aussi récompenser les joueurs qui respectent les responsabilités qu’on leur confie. Les résultats sont renversants.
Les Islanders ont atteint le deuxième tour et le quatrième (incluant la ronde de qualification) tour des séries éliminatoires lors des deux premières saisons sous le régime Lamoriello/ Trotz, et les voilà dans le carré d’as et ils s’apprêtent à affronter les champions en titre, le Lightning de Tampa Bay, pour la deuxième fois en autant de saisons. L’an dernier, ils avaient perdu en six matchs.
Pendant tout ce temps, John Tavares et les Maple Leafs n’ont toujours pas réussi à aller plus loin que le premier tour. Cette saison, Tavares a été malchanceux se retrouvant sur la touche lors du premier match de la série contre le Canadien.
Lamoriello et Trotz n’ont jamais été perturbés par la décision de Tavares. Au contraire, ils ont rassemblé un groupe qui a rapidement embarqué dans la philosophie de gestion de Trotz. Après tout, l’entraîneur venait de gagner la coupe Stanley à Washington et il a rapidement convaincu qu’il possédait un plan s’adaptant aux effectifs déjà en place.
Mercredi soir, ils ont éliminé les Bruins, décimés par les blessures, des Bruins qui paraissaient trop souvent à bout de souffle. Trotz en est à sa
22e saison comme entraîneur-chef. Il a connu des débuts plutôt modestes avec une formation de l’expansion, les Predators de Nashville où il a passé 15 saisons. Puis, il a dirigé Alexander Ovechkin pendant quatre ans, aidant ainsi le joueur russe à gagner finalement une première coupe Stanley.
Ce qu’il a accompli jusqu’ici démontre clairement qu’il est en parfait contrôle. Il a bâti une brigade défensive qui reflète très bien le système qu’il prône. Il a demandé de l’aide à son directeur général et Lamoriello n’a pas tardé à passer aux actes avec les acquisitions de Jean-gabriel Pageau, Travis Zajac, Andy Greene, et Kyle Palmieri. Et les Islanders ont rapidement gravi les échelons.
Ont-ils atteint les standards pour inquiéter le Lightning de Tampa Bay ? Pas encore, du moins le Lightning est un rival n’ayant aucune faille dans sa structure. Mais, chaque saison, les Islanders progressent…
LES BRUINS : INQUIÉTANTS…
Ce n’est pas le cas pour les Bruins et la dernière série contre les Islanders se veut un avertissement sérieux pour les décideurs de l’organisation. Au cours des dernières années, on a fait chou blanc au niveau du recrutement. On a très mal évalué les joueurs autonomes. Et, on a conclu des transactions qui ont mal tourné.
Les Bruins devront se montrer clairvoyants au cours de l’entre-saison. Tuukka Rask devrait quitter l’équipe. Dave Krejci également. Au chapitre du plafond salarial, les deux joueurs totalisent 14 M$. On peut donc se poser la question : les Bruins seront-ils parmi les équipes intéressées à participer au derby Jack Eichel ?
Sérieusement, ont-ils vraiment le choix ?
Pour l’instant, il n’y a pas de relève chez les Bruins. Patrice Bergeron a maintenant 35 ans. Il remplit parfaitement son rôle, mais on lui demande de rivaliser constamment avec les meilleurs de sa profession. Jusqu’à maintenant, il a maintenu le rythme, mais la tâche sera plus ardue au cours des prochaines saisons ? Y a-t-il un joueur de centre capable d’assurer de grandes responsabilités chez les Bruins ? Capable de venir appuyer les actions de Bergeron ? Capable d’amenuiser les tâches qu’on confie au capitaine de l’équipe ?
La réponse est non.
Eichel a connu une belle carrière avec l’université de Boston et il serait un choix logique dans les circonstances. Mais les Bruins peuvent-ils répondre aux exigences des Sabres de Buffalo ? Ont-ils les effectifs pour attirer l’attention de Kevyn Adams, le directeur général des Sabres ?
On en doute.
Les premiers indices d’une équipe qui se dirige vers un terrain glissant n’ont sûrement pas échappé à Don Sweeney, le directeur général de la formation, et le président Cam Neely.
Lors de la série contre les Islanders, les employés de soutien des Bruins ont marqué un seul but. Un seul en six matchs. L’équipe a besoin d’un changement relativement à la philosophie de gestion de l’entreprise.
Au fil des ans, le Canadien et les Bruins ont alimenté une rivalité qui remonte à des années. Il se pourrait que ça change au fil des prochaines saisons. Pendant que le Tricolore se dirige dans la bonne direction, les Bruins ont emprunté une avenue qui les conduit directement dans un culde-sac.