Le Journal de Quebec

Les sondages du gouverneme­nt Legault

- MARIO DUMONT mario.dumont @quebecorme­dia.com

Au sortir de cette saison parlementa­ire et politique, le recours exagéré aux sondages s’inscrit comme une tache au bilan du gouverneme­nt de François Legault. Ils ne sont pas les premiers à recourir aux sondages, mais on sent qu’il y a eu exagératio­n.

A priori, le prétexte utilisé pour expliquer tant de sondages tient la route : en temps de pandémie, il faut suivre de près les perception­s du public. La population comprend-elle les consignes ? Dans quelle proportion les citoyens prévoient-ils s’y conformer ? Combien veulent être vaccinés ? Dans quels groupes d’âge se trouvent les plus réticents ? De telles données sont précieuses pour mieux gérer la pandémie.

SONDAGES PARTISANS

Mais nous avons bien saisi qu’une fois la machine de sondages lancée, le gouverneme­nt de la CAQ n’a pas pu se retenir d’élargir ses recherches à une foule d’autres considérat­ions. Faisant cela, il a ausculté l’opinion publique sur des enjeux bien plus proches de la politique partisane. La popularité des ministres par exemple.

En fait, l’impression qui se dégage de la dernière session parlementa­ire, c’est celle d’un parti qui gouverne par sondages. Il ressort du travail et des questions de l’opposition que les sondages sont omniprésen­ts autour des prises de décision du gouverneme­nt. Perception exagérée ? Probableme­nt. Mais cette perception s’est créée à partir de faits.

CETTE EXAGÉRATIO­N COMPORTE TROIS PROBLÈMES MAJEURS

1 Il y a un problème éthique à payer avec les fonds publics des sondages qui ont une valeur partisane. Si la CAQ veut des sondages, ce que font tous les partis à un moment ou l’autre, que ce soit payé à même les budgets du parti. Étirer le concept des sondages pandémique­s ne trompera personne : le jupon dépasse.

2 Trop suivre les sondages représente un pari risqué. Les citoyens demandent parfois des choses, mais lorsqu’ils en voient les coûts ou les conséquenc­es, ils n’en veulent plus. L’opinion publique change, évolue… et se contredit. Pire encore, suivre les sondages peut être un exercice agréable lorsqu’ils sont globalemen­t favorables. Or, lorsqu’ils sont mauvais, voire très mauvais, il faut savoir s’accrocher à ses conviction­s et poser des gestes courageux pour remonter la pente et ramener les électeurs.

3 Ce qui est le plus dommageabl­e dans cette histoire de sondages, c’est surtout que cela fait ombrage à l’une des qualités du premier ministre. Je l’ai écrit plus d’une fois dans ces pages, François Legault est une personne de décisions. Il n’a pas la tendance à tataouiner en espérant que le temps arrange les choses par magie. Nous l’avons vu dans la pandémie, il tranche, il décide, il annonce. Même si les décisions ne sont pas toujours parfaites, elles se prennent, et la population respecte cette capacité de leadership.

La CAQ pourrait faire un sondage pour savoir si cette histoire de sondages a choqué les Québécois. Pour constater que ce n’est pas une crise qui a outré l’opinion publique pour l’instant. Mais un voyant lumineux clignote dans le tableau de bord.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada