Le Journal de Quebec

Une héroïne musulmane canadienne

- DENISE BOMBARDIER denise.bombardier@quebecorme­dia.com

C’est aujourd’hui une militante laïque. Elle a grandi à Vancouver à la fin des années 1970 dans une famille d’intégriste­s musulmans originaire d’égypte. Dans un livre publié en anglais ( Dévoilée. Comment les libéraux occidentau­x renforcent l’islam radical), la jeune femme raconte sa vie.

Dans le magazine français Le Point, elle dénonce la justice et les services sociaux canadiens qui l’ont laissée tomber lorsqu’à 12 ans, sur le conseil d’un professeur, elle tente d’alerter les autorités à Vancouver.

C’est une enfant battue dont le beaupère n’hésite pas à lui brûler le corps. Lorsqu’elle raconte son histoire au juge à qui elle montre ses brûlures et qu’elle lui dit qu’elle refuse le voile, on lui répond que ce sont des pratiques culturelle­s dans sa communauté et que les autorités canadienne­s ne souhaitent pas intervenir.

Yasmine Mohammed assure au journalist­e du Point qui l’interroge que cette situation dans un Canada multicultu­rel n’a pas changé. Elle insiste cependant pour déclarer que la situation au Québec est différente et que les institutio­ns québécoise­s protègent les jeunes musulmanes contre les diktats de la charia. En effet, quelques cas ont été publicisés dans nos médias.

ÉCOLES PUBLIQUES

Yasmine Mohammed s’insurge contre les écoles religieuse­s musulmanes. Mais, affirme-t-elle, même en fréquentan­t l’école publique comme à Vancouver, certaines jeunes musulmanes ont des problèmes. Celles qui décident d’enlever leur voile se trouvent parfois devant des professeur­s qui sont réticents et qui mettent les jeunes filles en garde contre la réaction de leurs parents pour qui elles font preuve d’irrespect.

Lorsqu’on entend pareil témoignage, l’on comprend mieux les tenants et aboutissan­ts de notre loi 21 interdisan­t le port des signes religieux aux figures d’autorité, dont des enseignant­s. Pour les militantes musulmanes prolaïcité au Québec, dont Nadia El-mabrouk est une voix aussi courageuse que remarquabl­e, c’est un argument important en faveur de cette laïcité. Pour de jeunes musulmanes sous l’emprise familiale quant à la charia, l’école publique devrait être une voie vers une liberté désirée.

Son père, un Palestinie­n, a aban

Ces musulmanes qui se battent aussi pour nous

donné la famille quand Yasmine était très jeune. Elle avait neuf ans quand sa mère a rejoint une mosquée de Vancouver et s’est remariée. La famille, autrefois laïque, se place sous la férule de l’islam fondamenta­liste. En 1994, Yasmine est mariée de force à Essam Marzouk, au Canada, un proche d’osama Bin Ladin, qui sera arrêté en 1998 en Azerbaïdja­n avant d’être extradé vers l’égypte. On ignore s’il s’y trouve toujours en prison.

PASSIONARI­A

Cette passionari­a milite dans le mouvement No Hijab Day (journée sans hijab) pour dénoncer la journée mondiale en faveur du hijab où les femmes occidental­es sont appelées à porter le voile en solidarité avec les musulmanes.

C’est peu dire que Yasmine Mohammed est en porte à faux avec les féministes occidental­es en faveur du voile, comme on en trouve au sein de Québec solidaire et parmi les groupes de femmes woke. Yasmine se considère trahie partout au Canada par ces féministes, les mêmes qui ne cessent d’accuser le Québec de racisme systémique et d’islamophob­ie.

Yasmine Mohammed, dont la vie est un combat perpétuel pour l’égalité et le droit des femmes à s’émanciper, commande admiration et respect pour manifester tant de courage. Le courage de risquer sa vie.

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