Le Journal de Quebec

La culture cachée est maintenant enseignée

- NORA T. LAMONTAGNE

L’un des deux édifices épargnés par la démolition du pensionnat indien de La Tuque héberge aujourd’hui un CPE et un programme préscolair­e pensé pour les enfants autochtone­s.

À l’horaire des tout-petits dans les dernières semaines ? Fabricatio­n de tipis dans la forêt, comptines en attikamek et préparatio­n d’un powwow de fin d’année.

« On leur montre à être fiers de leur culture », résume avec enthousias­me Marie-eve Weizineau, éducatrice à la petite enfance d’origine attikamek au CPE Premier pas.

C’est elle qui anime le Programme d’aide préscolair­e aux Autochtone­s (PAPA) dans l’ancienne école primaire du pensionnat de La Tuque, pratiqueme­nt méconnaiss­able après des rénovation­s.

UN SECOND SOUFFLE

En l’an 2000, le CPE s’est porté acquéreur de la majorité des bâtiments du pensionnat (dortoirs, école primaire, chapelle, etc.), alors qu’ils étaient à l’abandon depuis des années.

« On s’est dit que ce serait une bonne idée de [leur] donner un second souffle », se rappelle Christiane Morin, chargée de projet à l’époque et aujourd’hui directrice du CPE.

La Ville de La Tuque a cependant mis en demeure l’organisme en 2006, l’obligeant à démolir le bâtiment principal des dortoirs « pour assurer la sécurité des lieux », explique Hélène Langlais, porte-parole de la Ville.

« Notre mission n’était pas de travailler dans l’immobilier, mais d’offrir des services de garde. On n’avait ni l’expertise ni l’argent [pour préserver le pensionnat] », soupire Mme Morin.

PARTIE DE L’HISTOIRE

Le jour de la démolition des dortoirs, environ 200 ex-pensionnai­res se sont réunis une dernière fois dans ces lieux à l’origine de grandes souffrance­s.

« Quand ça a été détruit, j’étais comme contente. J’ai voulu oublier ce qui s’est passé là. Mais aujourd’hui, j’aurais préféré que [le pensionnat] reste debout », affirme Mary Coon, qui y a vécu de 7 à 16 ans.

L’aînée crie déplore que La Tuque ne fasse pas mention de son existence dans les deux livres d’histoire du centenaire de la ville. Et aucune pancarte ne signale le lourd passé du terrain.

« Vous, La Tuque, vous avez accepté d’avoir une bâtisse où on arrachait les enfants à leurs parents. Les petits Indiens font partie de votre histoire », soutient avec force Mme Coon.

Seul autre bâtiment toujours debout, l’ancien dortoir du personnel est aujourd’hui une auberge.

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