Un pensionnatit ttransformé en lieu de recueillement
Le pensionnat de Saint-marc-deFiguery, en Abitibi-témiscamingue, est devenu un lieu de recueillement pour les survivants et leurs descendants.
Pendant 47 ans, un immense bâtiment s’est élevé dans le petit village de SaintMarc-de-figuery, immanquable sur le bord de la route 111 qui relie Val-d’or et Amos. Le pensionnat pouvait accueillir jusqu’à 200 enfants Anishnabeg (Algonquins) et Attikameks.
De Pikogan, près d’amos, Johnny Wylde a fréquenté l’établissement au début des années 1960. « C’était très dur », se remémore-t-il.
« L’autobus nous attendait et on pensait revenir le soir. Rendu au pensionnat, c’était une grosse bâtisse. [C’était] impressionnant. Et quand on a vu les dortoirs, c’est là qu’on a réalisé qu’on ne retournerait pas [chez nous]. »
Depuis huit ans, il coordonne les dossiers qui concernent le pensionnat pour le Conseil de la Première Nation Abitibiwinni. Dans sa communauté, il organise des rencontres et des activités pour les survivants du pensionnat.
« On ne s’occupe pas juste de ceux qui sont allés au pensionnat. C’est l’autre génération aussi. C’est quasiment toute la population. Ça touche aussi les jeunes qui veulent savoir ce qui s’est vraiment passé. »
L’édifice a disparu du paysage. Après la fin de ses activités en 1973, un homme d’affaires de la région en a fait l’acquisition. Il était question d’en faire un hôtel ou une auberge et de développer un complexe récréotouristique sur les lieux. Au début des années 1980, un organisme a aussi manifesté son intérêt pour y installer un centre de désintoxication.
En parallèle, une partie du bâtiment a été déménagée à Amos, à une vingtaine de kilomètres, où il a servi à ériger un bâtiment commercial.
SE RAPPELER
Aujourd’hui, un secteur du site a été transformé en domaine résidentiel. En 2013, une section est devenue un lieu de commémoration. Une plaque y est érigée pour rappeler le passage des enfants.
« La commémoration, c’est pour se rappeler, prendre un temps d’arrêt, se rappeler sans être amer... et pour se dire qu’à l’avenir, ce sera différent », peut-on y lire.
Des cérémonies de purification sont organisées presque annuellement.
« Quand nous avions organisé le premier événement, des femmes m’avaient [confié] qu’elles ressentaient [la présence] de jeunes filles, là où il y a un arbre, a révélé la vice-cheffe de Lac-simon, Pamela Papatie. La purification a été mise en pause à cause de la pandémie, mais je voudrais qu’on continue d’en faire avec nos voisins de Pikogan. »
La cheffe est en faveur de fouilles sur le terrain afin de vérifier si des petits corps pourraient s’y trouver.
Le Conseil de la Première Nation Abitibiwinni espère aussi que des recherches seront entreprises sur le site. Il organise une marche en mémoire des 215 enfants enterrés sur le site du pensionnat de Kamloops, en Colombie-britannique, et profitera de l’occasion, le 19 juin, pour faire entendre sa revendication.