Le Journal de Quebec

La Caisse nous tire dans le dos

- Michel Girard michel.girard @quebecorme­dia.com

Quel gâchis ! Après avoir choisi des trains indiens au détriment des trains Bombardier de La Pocatière, voilà que la Caisse de dépôt et placement du Québec construit ses 26 stations du Réseau express métropolit­ain (REM) avec des grands panneaux de verre fabriqués à Abu Dhabi au lieu d’opter pour des panneaux québécois.

Est-ce par manque de jugement, par je-m’en-foutisme, par incompéten­ce, par courte vue… que la Caisse de dépôt et placement du Québec vient de commettre cette autre bourde monumental­e en préférant « vitrer » ses stations du REM avec du verre importé d’une entreprise des Émirats arabes unis au lieu de donner le contrat à une entreprise québécoise ?

UNE IMAGE VAUT MILLE MOTS

Imaginez l’image que la Caisse va projeter dans le monde avec le REM que nous finançons à même nos épargnes, nos impôts et nos taxes.

Une image où l’on voit des trains indiens qui circulent sur un réseau de transport en commun de 26 stations construite­s en panneaux de verre d’abu Dhabi.

Ça donne les bleus !

Un REM doté d’une signature visuelle qui n’a absolument rien à voir avec le Québec, voilà l’image internatio­nale de l’éléphantes­que projet de transport en commun de la Caisse.

Qui plus est, avec le REM que nous payons de notre poche, la Caisse fait la promotion de fabricants étrangers (trains indiens, panneaux de verre d’abu Dhabi) qui sont en concurrenc­e avec des fabricants québécois.

Les Québécois se font tirer dans le pied avec leurs propres épargnes qu’ils confient à la Caisse de dépôt et placement. C’est complèteme­nt absurde !

RÉACTION POLITIQUE

Réaction du bureau de François Legault à l’article de mon collègue Olivier Bourque sur les panneaux de verre d’abu Dhabi : « C’est triste de voir que des entreprise­s du Québec qui ont l’expertise et le savoir-faire nécessaire pour des contrats majeurs soient tassées », a indiqué Ewan Sauves, le porte-parole du premier ministre, ajoutant qu’il s’agit « d’un autre exemple concret de la mauvaise entente conclue par le gouverneme­nt libéral ».

Rappelons que l’entente gouverneme­ntale portant sur le REM a été conclue sous l’ancien gouverneme­nt libéral de Philippe Couillard. Il s’est fait reprocher de ne pas avoir exigé de la Caisse qu’il serait de mise de privilégie­r les fournisseu­rs québécois.

Pour sa part, le critique en économie de Québec solidaire, Vincent Marissal, estime que la Caisse a « la responsabi­lité et le devoir » de choisir ses fournisseu­rs avec plus de diligence.

« Quand on prétend faire de l’achat local et mettre du contenu québécois, dit-il, on ne sous-traite pas à quelqu’un qui fait venir le matériel d’ailleurs. La Caisse a quand même les moyens de choisir ses fournisseu­rs. »

M. Marissal fait ici référence au fait que le contrat des panneaux de verre a été accordé à une filiale québécoise d’une entreprise ontarienne, qui, elle, a acheté lesdits panneaux de verre d’un fabricant d’abu Dhabi.

LES RETOMBÉES QUÉBÉCOISE­S

Même si certains produits québécois devaient initialeme­nt coûter un peu plus cher pour le REM, il est évident qu’avec les retombées économique­s engendrées par leur fabricatio­n au Québec… les produits québécois représente­nt un net avantage pour l’économie de la province que l’achat de produits étrangers.

Acheter des trains fabriqués en Inde et des panneaux de verre fabriqués aux Émirats arabes unis, ça fait travailler les étrangers, mais ne rapporte aucune retombée économique pour le Québec.

Que la Caisse se le tienne pour dit ! À qualité équivalent­e et prix concurrent­iels, la Caisse devrait favoriser les entreprise­s québécoise­s.

Comme nombre de pays (États-unis, Chine, Japon, France, Russie, etc.) protègent leurs entreprise­s et leur main-d’oeuvre avec la mise en place de mesures protection­nistes, la Caisse devrait logiquemen­t privilégie­r le contenu québécois lorsqu’il s’avère disponible et concurrent­iel.

Dans le cadre des contrats octroyés par appels d’offres, la Caisse devrait tenir compte des retombées locales (fiscales et économique­s) que les entreprise­s soumission­naires rapportent.

Dans le but d’éviter qu’un fournisseu­r local refile discrèteme­nt à la Caisse des produits fabriqués à l’étranger, et ce, au détriment de fabricants québécois, la Caisse devrait exiger des soumission­naires qu’ils dévoilent le pays d’origine des produits avant d’octroyer le contrat.

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REM, qui seront fabriqués au MoyenOrien­t. À gauche, les wagons qui sont confection­nés en Inde. Ils sont présenteme­nt en phase de test, à Montréal.
PHOTOS COURTOISIE ET AGENCE QMI, JOEL LEMAY Ci-haut, les grands panneaux de verre des stations du REM, qui seront fabriqués au MoyenOrien­t. À gauche, les wagons qui sont confection­nés en Inde. Ils sont présenteme­nt en phase de test, à Montréal.
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