Le Journal de Quebec

In English… à HEC Montréal

Des consignes de travaux en anglais dans un des berceaux du Québec Inc.

- OLIVIER BOURQUE

Lectures obligatoir­es ou consignes en anglais et omniprésen­ce de conférence­s anglophone­s, la langue de Shakespear­e a une place importante au sein de HEC Montréal, a constaté Le Journal.

« Le français est, depuis toujours, au coeur de la mission de HEC Montréal », est-il écrit sur le site de la première école de gestion francophon­e au Canada. Un bâtisseur comme Jacques Parizeau y a enseigné pendant 20 ans, « formant une nouvelle génération d’économiste­s québécois francophon­es », comme l’avait souligné en 2015 Michel Patry, alors directeur de l’école.

Mais sur le terrain, la situation est vécue autrement par certains étudiants comme Carl (nom fictif) qui s’est inscrit au MBA en français.

« Je crois qu’ils ont oublié leur histoire », se désole-t-il au cours d’une entrevue au Journal.

Ce dernier avait choisi HEC pour étudier la finance et la gestion en français, mais rapidement, il a déchanté.

« J’ai un anglais intermédia­ire-avancé, comme on le demande. Mais je me sens défavorisé, car je dois constammen­t faire la traduction pour rédiger en français. Certains professeur­s utilisent souvent des expression­s anglophone­s. Si j’avais voulu étudier en anglais, je serais allé à Mcgill », s’est-il confié.

BEAUCOUP DE LECTURES EN ANGLAIS

De fait, Le Journal a consulté des listes de lectures obligatoir­es pour les étudiants, où l’anglais est omniprésen­t. Dans un cas précis, le professeur n’avait pas jugé bon de traduire le cas présenté aux étudiants dans le cadre d’un examen.

« Selon mon évaluation, environ 60 % de nos lectures sont en anglais. Même chose pour les conférence­s. Je comprends que c’est la langue d’affaires, mais il y a des limites. Il y a même une professeur­e qui a donné ses consignes pour les travaux seulement en anglais, et elle a dit : pas grave, car c’est la même chose pour vos lectures et tout le monde comprend… Non, c’est grave ! » s’est-il désolé.

Pourtant, par courriel, HEC Montréal affirme que « les questionna­ires d’examens et les consignes de travaux sont toujours dans la langue d’enseigneme­nt, soit le français ». Le matériel pédagogiqu­e peut toutefois être en anglais « sur des sujets spécifique­s ».

LA QUESTION SERA DÉBATTUE

Du côté de l’associatio­n des étudiants MBA-HEC, on se dit étonné du malaise de certains universita­ires.

« Ça n’a jamais été soulevé et plusieurs étudiants que j’ai consultés croient au contraire que l’anglais est un atout », a affirmé la présidente, Fatiha Ghazi.

Cette dernière affirme tout de même que la question sera débattue avec les étudiants et soutient qu’elle en parlera avec le directeur de programme, Kevin J. Johnson.

 ?? PHOTOS CHANTAL POIRIER, D’ARCHIVES ET CAPTURES D’ÉCRAN WEB ?? Les expression­s bilingues fleurissen­t sur certaines pages des associatio­ns d’étudiants de HEC Montréal. En médaillon, l’ancien premier ministre péquiste, Jacques Parizeau, aujourd’hui décédé. M. Parizeau a enseigné à HEC Montréal pendant 20 ans.
PHOTOS CHANTAL POIRIER, D’ARCHIVES ET CAPTURES D’ÉCRAN WEB Les expression­s bilingues fleurissen­t sur certaines pages des associatio­ns d’étudiants de HEC Montréal. En médaillon, l’ancien premier ministre péquiste, Jacques Parizeau, aujourd’hui décédé. M. Parizeau a enseigné à HEC Montréal pendant 20 ans.

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