Le Journal de Quebec

Des constructi­ons récentes déjà mal en point

Des proprios d’habitation­s presque neuves forcés de dépenser des milliers de dollars pour des réparation­s

- FRANCIS HALIN

« ON NOUS VEND VRAIMENT UNE COQUILLE, UNE IDÉE, UN RÊVE, ET LORSQU’ON LE VIT, ÇA TOURNE UN

PEU AU VINAIGRE »

– David Cormier, copropriét­aire d’un condo

Un copropriét­aire de condo de Chambly forcé de réparer des balcons de son immeuble à peine six ans après sa constructi­on presse l’état québécois de serrer la vis pour protéger les Québécois.

« Ce n’est pas normal que j’achète une cuisinière et que la garantie légale donne à peu près 10 ans, mais que l’on ait des enjeux aussi majeurs à un édifice après cinq ans », déplore David Cormier, gestionnai­re de projets, qui vient de s’acheter un condo des Habitation­s Trigone, à Chambly.

« On n’est pas dans les années 1900. On a évolué en termes de constructi­on. On devrait mettre les requis en tant que peuple », dénonce-t-il en montrant les poutres de bois qu’il a dû ajouter d’urgence pour solidifier ses balcons.

Pour Marc-andré Harnois, directeur général de l’associatio­n des consommate­urs pour la qualité de la constructi­on (ACQC), le cas de David Cormier, qui va devoir débourser des milliers de dollars, est loin d’être isolé.

Vérificati­ons, inspection­s et compétence­s… les Québécois sont victimes des lacunes majeures de la Régie du bâtiment du Québec (RBQ), plaide-t-il, en brandissan­t le récent rapport de la Vérificatr­ice générale du Québec (VGQ).

TRAVAIL « TOUT CROCHE »

« C’est frustrant pour les entreprene­urs de qualité d’être concurrenc­és par d’autres qui font la job à moitié et qui facturent deux fois moins cher », déplore Marc-andré Harnois, à la tête de L’ACQC.

Dans son rapport, la VGQ écrit qu’« au 31 mars 2020, la RBQ ignorait l’identité des dirigeants d’au moins 2000 personnes morales sur un total de près de 12000. Elle ne peut donc pas vérifier si ces personnes respectent les conditions d’obtention d’une licence liée à la probité et à la solvabilit­é ».

« C’est dur de concurrenc­er quelqu’un qui fait le travail à moitié moins cher, tout croche », analyse Marc-andré Harnois, qui refuse de mettre tous les entreprene­urs dans le même panier.

À la Régie du bâtiment du Québec (RBQ), on souligne que pour les petits bâtiments résidentie­ls la surveillan­ce relève des municipali­tés ou de l’organisme Garantie de constructi­on résidentie­lle (GCR).

« Non, notre mission, ce n’est pas d’assurer la surveillan­ce des chantiers, mais oui, dans notre mission, on a à faire des vérificati­ons et des inspection­s », indique son porte-parole Sylvain Lamothe.

Il rappelle que plus de 15 000 visites d’inspection ont été faites par la RBQ et que 128 personnes seront embauchées d’ici l’an prochain pour veiller au grain.

GCR ET TRIGONE SE DÉFENDENT

De son côté, Garantie de constructi­on résidentie­lle (GCR), qui tient à dire que l’immeuble en question de David Cormier n’était pas enregistré chez lui, affirme avoir inspecté plus de 40 000 unités ces six dernières années.

Joint par Le Journal, Patrice St-pierre, dirigeant des Habitation­s Trigone, a rejeté les critiques du copropriét­aire de condo mécontent David Cormier.

« L’enjeu concerne quatre assises de bois pour deux des 12 balcons de cet immeuble. Ces assises doivent être remplacées, faute d’avoir été bien entretenue­s », a répondu Patrice St-pierre, qui assure que la qualité et la conformité des travaux ont été confirmées en 2017.

« Nous avons proposé notre entière collaborat­ion pour effectuer le remplaceme­nt des pièces de soutien, dans le respect des plans de constructi­on originaux, dans le respect des règles de constructi­on du Code du bâtiment du Québec, sans obtenir de réponses », a-t-il conclu.

L’an dernier, l’émission La Facture a capté des images de la constructi­on d’un immeuble à condos par les Habitation­s Trigone. Le reportage a souligné que l’entreprise a été l’objet de plus de 200 poursuites ces vingt dernières années.

 ?? PHOTO FRANCIS HALIN ?? David Cormier, copropriét­aire d’un condo à Chambly, en Montérégie, soutient que certaines poutres de balcons sont faites « de bois non traité » et sont « mal installées ». Il aimerait que le Québec fasse le ménage dans le domaine des normes de constructi­on. La vérificatr­ice générale a récemment mis en lumière de graves lacunes en la matière.
PHOTO FRANCIS HALIN David Cormier, copropriét­aire d’un condo à Chambly, en Montérégie, soutient que certaines poutres de balcons sont faites « de bois non traité » et sont « mal installées ». Il aimerait que le Québec fasse le ménage dans le domaine des normes de constructi­on. La vérificatr­ice générale a récemment mis en lumière de graves lacunes en la matière.
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HARNOIS DG de L’ACQC
MARC-ANDRÉ HARNOIS DG de L’ACQC

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