Un conte sombre, comme aux origines
Le cinéaste italien Matteo Garrone a choisi Roberto Benigni pour Geppetto et le jeune Federico Ielapi comme Pinocchio dans cette adaptation réussie du conte pour enfants.
Les aventures de Pinocchio, écrit par Carlo Collodi et publié en 1883 avant d’être adapté en animation par les studios Walt Disney, est l’un des contes pour enfants les plus connus au monde. Mais l’histoire a perdu de son mordant lors de sa mise en images par les studios de la souris et Matteo Garrone a décidé de revenir aux sources, sombres et presque surréalistes de la marionnette en bois qui rêve d’être un petit garçon.
Misant sur le réalisme de l’environnement, Pinocchio met en scène un Geppetto pauvre, dans une Toscane rurale aux couleurs sombres. Après avoir été créé à partir d’un tronc animé, Pinocchio s’égare avant de se faire promettre monts et merveilles lors d’une visite à un cirque ambulant. Le garçonnet de bois accomplit alors un périple initiatique – comme dans la quasi-totalité des contes pour enfants – qui le mènera à la réalisation de vérités.
Il est métamorphosé par ses différentes rencontres : le renard et le chat (Massimo Ceccherini et Rocco Papaleo), la fée (Marine Vacth en version adulte), un juge singe (Teco Celio) et, évidemment, la sauterelle (Davide Marotta) devenue Jiminy Cricket dans la version animée. Cet univers surréaliste et onirique est chargé de symbolique. Le juge qui ne condamne Pinocchio que lorsqu’il est innocent, l’homme qui enlève les enfants pour les transformer en ânes ou le thon gigantesque qui devient l’ami de la marionnette sont autant d’éléments qui permettent aux enfants de plonger dans un univers imaginaire contenant autant d’allégories que de messages.
On demeure fasciné par la délicatesse des effets spéciaux, par le jeu incroyable du jeune Federico Ielapi et par la tendresse qui se dégage de ces images poétiques, réservées aux enfants plus âgés, qui ont décroché deux nominations à la dernière cérémonie des Oscars.
Pinocchio
Un film de Matteo Garrone
Avec Federico Ielapi et Roberto Benigni