Arrêter de penser au béton et agir pour le bien-être de nos aînés
En date du 31 mai, nous avons pu entendre la ministre Marguerite Blais, responsable des aînés et des proches aidants, annoncer un investissement massif pour le soutien à domicile.
Le but est de garder nos personnes aînées et/ou les personnes en perte d’autonomie dans leurs domiciles, avant de les orienter dans des Centres d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD). Nous ne pouvons qu’être en accord avec la théorie des investissements, et ce, après les coupes du Parti libéral pendant des années, occasionnant des restructurations au sein des ressources.
SOINS À DOMICILE PAR CRITÈRES
Étant travailleur au sein d’un service d’aide à domicile d’un CIUSSS, à Montréal, cette annonce est bienvenue. En effet, nous pouvons penser que cet apport financier permettra de redonner des services dignes aux personnes en situation de vulnérabilité. Ainsi, peut-être pourrons-nous bientôt donner deux hygiènes complètes par semaine, même plus, aux personnes ? Allons-nous donner plus de moyens financiers aux proches aidants ? Pouvons-nous croire que nous traiterons moins de « dossiers » et que nous serons ainsi plus présents auprès de nos usagers afin de prévenir des décompensations, des propos alarmants, etc. ?
Pouvons-nous imaginer un changement dans les critères d’octroi des aides à domicile pour les activités de vie quotidiennes ? Est-ce trop demander que des personnes en fauteuil roulant portant une culotte d’incontinence puissent avoir une hygiène par jour ? Pourriez-vous imaginer vous laver uniquement lors des canicules ?
Peut-on vraiment espérer avoir un service adéquat quand le critère concernant les aides domestiques se limite à trois heures de services par deux semaines ? Est-ce que vous nettoyez vos vêtements toutes les deux semaines ? Est-ce vraiment réaliste ?
Pouvons-nous vraiment croire que l’octroi de quelques dollars par jour via le programme de
Soutien à la famille aide vraiment des parents d’enfants avec un handicap ? Des sommes et des critères qui sont désuets et qui existent depuis 1991.
UN PEU D’ESPOIR…
Cela fait des années que les différents acteurs du réseau de la santé se plaignent de la lourdeur de performance des CIUSSS et des CISSS afin de satisfaire à de fameux critères ministériels. Il faut sans cesse courir et justifier des interventions par des statistiques, des rédactions de rapports, alors que la vraie demande est d’avoir des services adéquats, avec compétences et décence, auprès des personnes fragiles.
Une société évoluée se mesure à sa manière de traiter ses citoyens les plus vulnérables. Autant dire que le Québec a failli à cette tâche depuis des décennies. Verrons-nous un changement dans les semaines et mois à venir ? Je l’espère sérieusement. La machine bureaucratique et étatique est immense. Quelques dirigeants trouveront le moyen de créer des comités pour créer des services ou des programmes alors que ceux existants sont déficitaires et lacunaires.
Nous devons remettre l’humain au coeur de nos politiques sociales. Arrêter de penser au béton et agir pour le bien-être de nos aïeux et de nos concitoyens vulnérables.