Des pourvoiries dans le nord craignent la faillite
La Santé publique dit encore non aux touristes cet été
Même si les pourvoiries du Nunavik ont présenté un plan pour éviter le transit de leurs clients par les villages inuits, les autorités sanitaires leur en interdisent l’accès pour un deuxième été consécutif, une situation qui fait craindre des faillites.
« J’ai des gens qui vont aller pêcher en Mongolie plutôt que dans le Nord-du-Québec », s’indigne le propriétaire de la pourvoirie de la Rivière aux feuilles, Louis Tardif, au bout du fil.
Avec une soixantaine de forfaits de pêche vendus cette année, il craint de devoir tout annuler en raison du refus de la santé publique du Nunavik d’accepter la venue de tout touriste sur son territoire pour une deuxième année consécutive.
Dans une communication envoyée à la Fédération des pourvoiries du Québec et dont l’agence QMI a obtenu copie, la régie régionale de la santé et des services sociaux du Nunavik dit vouloir prioriser « la protection et la santé de la population du Nunavik ».
« Bien que vous indiquiez que la reprise des activités se ferait sans contact avec les communautés, il n’est pas opportun, dans une perspective de santé publique, d’envisager une modification […] concernant les restrictions de déplacements afin de permettre l’accès au territoire d’une catégorie de touristes aussi spécifique », indique la directrice de santé publique, Dre Marie Rochette, au sujet des clients des pourvoiries.
UN PLAN
En effet, la Fédération a présenté aux autorités sanitaires un plan pour permettre aux clients d’accéder à ses établissements directement grâce à des vols nolisés, sans avoir à se rendre dans les villages nordiques.
Qui plus est, ces pourvoiries sont situées à des centaines de kilomètres des villages les plus proches et leurs clients et exploitants n’y mettent jamais les pieds.
De plus, la région a été priorisée par Québec au début de la campagne de vaccination étant donné son éloignement, la vulnérabilité de sa population et le peu de ressources médicales qui y sont disponibles.
Or selon les règles de santé publique en vigueur au Nunavik, les pourvoiries peuvent y opérer, mais le territoire est interdit d’accès aux personnes en visite pour le loisir, c’est-à-dire les touristes.
D’où la déception de nombreux exploitants qui craignent pour la survie de leurs établissements, parmi lesquels Amanda Katt de la pourvoirie Wedge Hills.
PLUSIEURS CRAINTES
« Le but [du plan de la Fédération] c’était surtout de protéger les membres des communautés. Sans passer par les villages, il n’y a aucun risque. On pensait que c’était la meilleure avenue », soupire-t-elle.
Sans une décision rapide de la santé publique, Amanda Watts craint de perdre les meilleures semaines de l’été pour le tourisme dans cette région, soit les mois de juin et juillet.
Pour le président de la Fédération des pourvoiries du Québec, Marc Plourde, le refus de la santé publique menace l’accès des Québécois au Nord à long terme puisqu’il pourrait à mener à plusieurs faillites parmi la trentaine de pourvoiries de la région.
« Est-ce qu’on a une idée de la grandeur de territoire là ? C’est une aberration qu’on puisse ne pas appliquer les règles de distanciations minimales sur des centaines de milliers de kilomètres carrés », s’exclame-t-il.
LE MINISTRE « PRÉOCCUPÉ »
Au bureau du ministre de la Forêt, de la Faune et des Parcs, Pierre Dufour, on dit attendre des explications de la part de la santé publique.
« La situation nous préoccupe », confirme tout de même son attaché de presse, Michel Vincent.