Le Journal de Quebec

On O ne pourra pas toutes les sauver

- RICHARD MARTINEAU richard.martineau@quebecorme­dia.com

La vice-première ministre Geneviève Guilbault a dit une grande vérité qui n’est pas facile à entendre, hier.

À savoir que malgré tous les efforts et les sommes investies par le gouverneme­nt, il ne sera pas possible d’empêcher tous les féminicide­s. C’est malheureux, mais l’état ne peut pas contrôler tout ce qui se passe dans chaque maison du Québec.

ULTRA MODERNE SOLITUDE

Ça ne veut pas dire qu’il faut baisser les bras, bien sûr. Il faut continuer de « faire le maximum pour pouvoir bonifier toutes les facettes de la lutte à la violence conjugale », comme l’a dit Mme Guilbault.

S’assurer que les refuges pour femmes victimes de violence et les réseaux d’entraide pour hommes en détresse soient suffisamme­nt financés pour être capables de répondre à la demande – qui est, semblet-il, grandissan­te.

Mais à un moment donné, l’état ne peut pas tout régler. Idem pour ce qui est de la maltraitan­ce des vieux et des enfants.

Les citoyens doivent aussi apporter leur contributi­on.

Savez-vous quelle est l’autre vérité qui n’est ni bonne à dire ni facile à entendre ?

Trop de gens se foutent des autres.

C’était comme ça dans le temps d’aurore Gagnon.

Tout le village savait que la petite était martyrisée par sa belle-mère, mais personne n’agissait.

« C’est pas de mes affaires, se disaient-ils en fermant les rideaux de leur fenêtre de cuisine. Ça ne me regarde pas. Il ne faut pas se mêler des affaires des autres… »

Cent ans plus tard (la petite Aurore est morte le 12 février 1920), cette mentalité persiste.

Dans les villages, mais aussi dans les villes.

« Dans la fourmilièr­e, c’est l’ultra moderne solitude », comme le chante Alain Souchon.

On a perdu le sens de la communauté. Qui connaît ses voisins ?

ÇA NOUS REGARDE

Vous avez beau diffuser mille messages par jour disant que c’est lâche de battre sa femme, si une canaille décide de battre sa femme, il va battre sa femme, même si la personnali­té qu’il idolâtre le plus dénonce la violence conjugale dans une campagne nationale. Je ne dis pas qu’il faut cesser de diffuser des messages à caractère social : c’est important pour une société de dire que la violence contre les femmes est inacceptab­le.

Ces messages peuvent même sensibilis­er certains hommes impulsifs qui ne sont pas encore passés à l’acte, qui sait…

Mais il ne faut pas non plus se raconter des histoires : comme les pédophiles, les hommes hyper violents sont possédés par des démons, des pulsions (jalousie, peur de l’abandon, soif de pouvoir, désir de contrôle, haine des femmes) qui n’entendent pas raison.

C’est à nous, en tant que parents, voisins, amis, d’ouvrir les yeux et les oreilles.

NOTRE JOB À NOUS

Aucun gouverneme­nt, aussi gros soit-il, ne peut colmater les brèches qui fissurent depuis trop d’années déjà nos communauté­s. Ça, c’est notre job à nous.

Récemment, dans une de ses chroniques, Joseph Facal disait qu’on en demande trop à l’école.

Eh bien, c’est la même chose pour le gouverneme­nt. L’état ne peut pas être dans notre chambre à coucher, notre salon, notre cuisine. De toute façon le pourrait-il qu’on ne le voudrait pas.

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RICHARD R MARTINEAU
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