Le Journal de Quebec

Vibrant appel à une meilleure protection des femmes

Les hommes violents doivent être encadrés après une dénonciati­on

- MARTIN LAVOIE — Avec Vincent Larin, Agence QMI

Dénoncer la violence conjugale ne suffit pas à protéger les femmes constate un organisme au moment où le sénateur Pierre-hugues Boisvenu veut mieux protéger les victimes en encadrant les hommes violents.

« On commence à manquer de mots », s’attriste Claudine Thibaudeau, responsabl­e de la formation et du soutien clinique chez SOS violence conjugale, en réaction à cette nouvelle tragédie.

Mme Thibaudeau estime que la pandémie a envenimé la situation.

« On craignait une escalade liée au confinemen­t. Les victimes se trouvent isolées avec les agresseurs, dont le pouvoir augmente, les victimes n’ayant plus accès à leurs réseaux, ne serait-ce que celui du travail. On semble maintenant voir une escalade liée au déconfinem­ent qui remet en jeu le pouvoir du partenaire », analyse-t-elle.

Selon Mme Thibaudeau, la pandémie a mené plusieurs femmes à reporter leur réflexion sur une rupture. Elles seront de plus en plus nombreuses à y penser à nouveau.

« Les victimes de violence conjugale hésitent à quitter (leur conjoint) et elles ont raison parce que la rupture, c’est un moment propice à des escalades de violence. De 80 à 90 % des meurtres sont commis juste avant ou juste après une rupture.

« Il faut faire attention avec le message de dénoncer. Pour une victime de violence, tout ce qui remet en question le rapport de pouvoir de l’homme violent peut être propice à une escalade et être un danger », tempère-t-elle.

Mme Thibaudeau explique que c’est la raison pour laquelle SOS violence conjugale écoute d’abord les personnes dans ce qu’elles vivent et leur donne ensuite les ressources qu’elles désirent.

UNE PÉTITION

« C’est inacceptab­le que le gouverneme­nt ne prenne pas les moyens pour éviter les meurtres qui sont évitables », affirme pour sa part le sénateur Pierre-hugues Boisvenu.

« Toute la publicité depuis 20 ans des gouverneme­nts, c’est de dénoncer. Mais les politicien­s ne comprennen­t pas qu’en faisant ça, ces femmes mettent leur vie et celle de leurs enfants en danger. Si le système de justice ne peut pas protéger les femmes qui dénoncent, qui va les protéger ? La technologi­e existe. Pourquoi au Canada il y a 150 hommes accusés de violence conjugale qui portent le bracelet électroniq­ue et aucun au Québec ? », questionne-t-il.

Le sénateur a déposé un projet de loi il y a deux mois « pour protéger les femmes et mieux encadrer les hommes violents », mais il regrette que ça n’ait pas bougé au Sénat ni à la Chambre des communes.

Une pétition sera lancée aujourd’hui à Ottawa pour demander au fédéral de prendre les moyens de protéger les femmes.

LES MOYENS

De son côté, la ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault, estime que son gouverneme­nt a « fait le maximum pour pouvoir bonifier toutes les facettes de la lutte à la violence conjugale ».

« Les services sont là, mais malheureus­ement, il semble qu’on ne pourra jamais tout empêcher », a-telle ajouté, appelant les femmes et leur entourage à « être alertes » aux situations de détresse.

« Il faut qu’on pose le premier geste quand on voit quelque chose qui nous paraît ne pas avoir de bon sens ou qui nous paraît douteux, des hommes qui ont l’air bizarres, il ne faut pas hésiter à tendre la main à cette femme-là », a-t-elle déclaré.

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