Le Journal de Quebec

Une réforme sur le français à temps pour des élections

Le gouverneme­nt fédéral veut moderniser la Loi sur les langues officielle­s

- RAPHAËL PIRRO

Les libéraux fédéraux ont déposé hier leur réforme attendue de la Loi sur les langues officielle­s, quelques mois après avoir dévoilé un livre blanc de propositio­ns censées favoriser « l’égalité réelle » entre le français et l’anglais d’un bout à l’autre du pays. Celle-ci a peu de chances d’être adoptée avant la fin de la session parlementa­ire, le 23 juin, mais pourrait devenir un enjeu électoral si jamais des élections devaient être déclenchée­s à l’automne. Voici les principale­s mesures contenues dans le projet de loi présenté par la ministre des Langues officielle­s, Mélanie Joly :

LE FRANÇAIS, LANGUE OFFICIELLE UNIQUE

La réforme reconnaît le français comme la langue officielle du Québec, en vertu de la Charte de la langue française. Il ne s’agit pas d’une modificati­on à la Constituti­on, comme le prévoit la loi 96 du gouverneme­nt québécois. Le projet propose aussi de reconnaîtr­e que la Constituti­on dispose que le Nouveau-brunswick a deux langues officielle­s, ce qui en fait l’unique province officielle­ment bilingue de la fédération.

PLUS D’IMMIGRANTS FRANCOS

Le ministère fédéral de l’immigratio­n sera forcé de se doter d’une politique pour favoriser l’arrivée d’immigrants francophon­es dans les communauté­s francophon­es à l’extérieur du Québec afin d’y revigorer l’usage du français.

DES JUGES BILINGUES

La réforme garantit que les prochains juges à la Cour suprême maîtrisero­nt assez le français pour être considérés comme bilingues au moment de leur nomination. Cette politique était attendue depuis longtemps par les militants pour la langue française. Il s’agit d’un revirement de situation, car pas plus tard qu’en 2017, les libéraux et les conservate­urs avaient voté contre un projet de loi du NPD allant en ce sens.

UN CHIEN DE GARDE AVEC PLUS DE MORDANT

Le projet de loi renforce les pouvoirs du commissair­e aux langues officielle­s pour lui donner « plus de mordant ». Il pourra recevoir et traiter des plaintes d’employés des secteurs public et privé, et, dans certains cas, rendre des ordonnance­s pour sévir contre des entreprise­s ou ministères qui ne se conforment pas à la loi. Cette loi ferait du commissair­e un genre d’ombudsman du français au Canada.

TRAVAILLER EN FRANÇAIS

Le projet de loi reconnaît le droit de travailler et d’être servi en français au sein d’entreprise­s de compétence fédérale – comme les banques, les firmes de télécommun­ications ou les entreprise­s de transport internatio­nal – situées en sol québécois et avec 25 personnes et plus y travaillan­t. Ce point risque de soulever les tensions entre Québec et Ottawa, car les deux se disputent le droit de légiférer en matière de langue chez les entreprise­s à charte fédérale.

 ?? CAPTURE D’ÉCRAN CPAC ?? La ministre des Langues officielle­s, Mélanie Joly, lors de la présentati­on du projet de loi aux médias hier à Ottawa.
CAPTURE D’ÉCRAN CPAC La ministre des Langues officielle­s, Mélanie Joly, lors de la présentati­on du projet de loi aux médias hier à Ottawa.

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