Le doyen junior
Au sortir du sommet du G7, Justin Trudeau s’est présenté comme le nouveau doyen du groupe. Avec le départ annoncé et imminent de l’allemande Angela Merkel, il est vrai de dire que Justin Trudeau sera le leader cumulant le plus d’ancienneté parmi les sept.
Là s’arrête le concept de doyen, un calcul mathématique du nombre d’années. On repassera en ce qui concerne les autres attributs qui viennent avec ce titre, soit la sagesse, la clairvoyance et l’influence.
Sur la scène internationale,
Justin Trudeau ne m’impressionne pas.
Justin Trudeau ne brille plus sur la scène internationale depuis qu’il a perdu son statut de star.
UNE AURA ?
On sent bien que lui et son entourage veulent entourer son titre de doyen du G7 d’une aura de maturité. Ils se trompent. Ça ne colle pas. Le premier ministre canadien n’en impose pas, ni dans le propos ni dans l’attitude. Rien ne nous indique qu’il ait le moindre ascendant sur les autres leaders. On l’aime bien, on lui sourit, sans plus.
Personnellement, je dois dire que j’ai constamment l’impression qu’il joue un rôle lorsqu’il se retrouve sur la scène internationale. Qu’il se demande ce qu’il projette comme image plutôt que d’être à 100 % dans l’événement.
À tort ou à raison, j’ai le sentiment qu’il pratique ses gestes, ses mimiques et ses phrases. Comme au théâtre. Comme s’il jouait le plus grand rôle de sa vie : celui de premier ministre du Canada.
Lors de ses premières sorties du pays, il y a six ans, il jouait le rôle d’une star du rock ou de la mode. Une star mondiale, posant avec les foules émues et faisant des selfies avec les jeunes. Il répétait les bonnes formules clichées sur les sujets à la mode pour être l’aile politique du jet-set planétaire. Avec des chaussettes de Star Wars !
Cette phase est révolue puisque quelques dossiers en environnement ou en affaires autochtones ont pâli son étoile. Il joue maintenant une autre carte… et un autre rôle. Vous l’avez vu au G7 prenant un air grave, comme un vétéran sobre, concentré sur ses affaires. Tantôt le sourcil sévère pour montrer son sérieux, tantôt penché vers l’arrière dans son fauteuil pour se montrer confiant, il me paraît toujours en représentation.
INFLUENCE RÉELLE ?
Dans ce sommet du G7, il est loin d’avoir fait la preuve de l’étendue de son influence de « doyen en devenir ». Sur la question épineuse de la Chine, alors qu’il présidait la séance, il n’est pas parvenu à faire le pont entre les États-unis et l’europe pour arriver à une déclaration forte. Au mieux, les pays du G7 ont promis de coordonner leurs interventions à l’avenir.
Il a aussi offert ses services comme médiateur dans le conflit post-brexit entre le Royaume-uni et l’europe à propos de l’irlande du Nord. Si je comprends bien, son offre fut suivie de silences et de regards vers le ciel. Pendant qu’on entendait le son des criquets des Cornouailles.
Le Canada, chanceux d’être représenté par le doyen ? Il reste des preuves à faire.