Le Journal de Quebec

Que peut obtenir Biden de Poutine ?

- NORMAND LESTE E normand.lester@quebecorme­dia.com arrivée à l’aéroport de Cointrin à Genève hier, la vielle de sa réunion avec Vladimir Poutine.

Joe Biden rencontre Vladimir Poutine à Genève aujourd’hui. De tels sommets avec la Russie sont organisés pour tenter de résoudre des différends importants. Dans le passé, la proliférat­ion nucléaire était souvent à l’ordre du jour. Les temps changent.

Biden va demander à Poutine de cesser ses « activités nuisibles » ciblant les ÉtatsUnis dans le cyberespac­e. La cyberguerr­e est une forme majeure de conflit au 21e siècle et la Russie est passée maître dans le domaine. Elle a intensifié récemment ses opérations informatiq­ues clandestin­es contre les États-unis qui ont été la cible de multiples cyberattaq­ues et incidents de piratage.

ÉCHANGE DE CYBERCRIMI­NELS RUSSES ET AMÉRICAINS ?

Poutine propose à Biden d’échanger des cybercrimi­nels recherchés par leurs gouverneme­nts respectifs. La Maison-blanche croit-elle vraiment que le Kremlin respectera un tel engagement ?

Quelqu’un pense-t-il que Poutine remettra au FBI les 13 Russes identifiés dans le rapport Mueller et inculpés par les États-unis pour leur ingérence informatiq­ue en faveur de Donald Trump dans la campagne électorale de 2016 ?

La Russie est engagée dans une politique de désinforma­tion pour saper les institutio­ns démocratiq­ues, constammen­t à la recherche de moyens de diviser les Américains. Les relations raciales, les pseudo-fraudes électorale­s, le contrôle des armes à feu, la COVID-19, le Covax et d’autres complots offrent un terrain fertile pour fomenter des guerres culturelle­s. Les États-unis sont des proies faciles pour de telles opérations.

Biden est naïf s’il pense que Poutine modifiera de quelque manière que ce soit ses cyberopéra­tions contre les États-unis. Comme ses prédécesse­urs soviétique­s, il a le plus grand mépris pour les règles et les convention­s internatio­nales : la Russie mène d’ailleurs des opérations d’influence clandestin­es non seulement aux États-unis, mais en Europe et ailleurs dans le monde. Et il y a de bonnes raisons de croire que la Russie et la Chine se coordonnen­t et échangent des informatio­ns dans leurs cyberopéra­tions contre les États-unis.

COMMENT BIDEN ET POUTINE VONT SAUVER LA FACE

Quoi qu’il arrive à Genève, Moscou ne ralentira pas de manière significat­ive dans ses activités de cyberinflu­ences et de cyberattaq­ues. Washington non plus.

Mais pour leur image, Biden et Poutine vont s’entendre sur certaines questions. Ainsi, le communiqué final pourrait contenir des accords de coopératio­n sur le changement climatique. Et peut-être aussi de nouvelles ententes sur le contrôle des armements convention­nels ou nucléaires. Ça ne coûte pas cher, et ça rapporte bien au niveau des relations médias : gagnant-gagnant pour les deux parties.

Comme Obama avant lui et toutes les administra­tions précédente­s depuis l’effondreme­nt de l’union soviétique au début des années 90, Biden considère la Russie comme une puissance en déclin. C’est vrai, mais elle conserve une capacité de nuisance considérab­le. Elle est toujours la deuxième puissance nucléaire mondiale avec des moyens technologi­ques et cybernétiq­ues redoutable­s. Poutine peut les rendre accessible­s à la Chine, en voie de supplanter l’hégémonie américaine. Un axe Pékin-moscou en perspectiv­e : ils partagent le même héritage communiste.

La Russie est engagée dans une politique de désinforma­tion pour saper les institutio­ns démocratiq­ues

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Le président américain, Joe Biden, lors de son
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