Le Journal de Quebec

Le retour du Canada français

- PHILIPPE LÉGER e Blogueur au Journal Chroniqueu­r et journalist­e c philippe.leger2 @quebecorme­dia.com

Il y a quelques semaines, on se surprenait que Justin Trudeau accepte que le Québec modifie la Constituti­on canadienne en s’inscrivant comme nation francophon­e.

Hier, à Ottawa, une majorité de députés fédéraux appuyaient le droit du Québec de modifier la Loi constituti­onnelle de 1867, par l’entremise de son projet de loi 96.

Plusieurs y analysent une manoeuvre électorale de politicien­s en route vers une campagne électorale. Qui oserait s’opposer aux volontés du gouverneme­nt Legault au zénith de sa popularité ?

Y a-t-il de l’électorali­sme dans cette acceptatio­n canadienne ? Bien sûr. Seulement de l’électorali­sme ? Pas sûr.

ENTRÉE CANADIENNE

La CAQ se définit comme nationalis­te. Or, son nationalis­me s’inscrit dans l’ordre canadien. La CAQ joue selon les règles du Canada. Elle utilise les mécanismes prévus dans la Charte.

Elle se contente de défendre ses champs de compétence, sans jamais en revendique­r de nouveaux. Elle espère, comme les gouverneme­nts libéraux précédents, une hausse des transferts en santé, qui ne viendra jamais. Bref, elle ne pose pas de gestes de rupture et ne remet jamais en question les rapports de force.

Puis, maintenant, par le projet de loi 96, la CAQ officialis­e par la porte arrière l’inscriptio­n du Québec français dans la Constituti­on canadienne. Ce projet de loi ne s’arrête pas à quelques prothèses linguistiq­ues : il officialis­e l’entrée du Québec dans le giron canadien. Que cela soit clair.

CANADA FRANÇAIS

Poussons le bouchon de la réflexion. Le nationalis­me de la CAQ incarne un certain retour du Canada français.

Défensif et identitair­e, il est uniquement dédié à la protection de nos acquis, et n’est aucunement accroché à nos institutio­ns sociales et politiques. Il s’adresse surtout à la majorité francophon­e.

Ce Canada français a toujours été inoffensif pour l’ordre canadien. Il est même en symbiose avec lui.

Autrefois, il concrétisa­it un pays binational. Aujourd’hui, il rend réel un pays plurinatio­nal.

Voilà pourquoi, au-delà de l’électorali­sme, le Canada n’a aujourd’hui pas beaucoup de réticence à inscrire une symbolique « nation francophon­e » dans la Constituti­on canadienne.

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