Le retour du Canada français
Il y a quelques semaines, on se surprenait que Justin Trudeau accepte que le Québec modifie la Constitution canadienne en s’inscrivant comme nation francophone.
Hier, à Ottawa, une majorité de députés fédéraux appuyaient le droit du Québec de modifier la Loi constitutionnelle de 1867, par l’entremise de son projet de loi 96.
Plusieurs y analysent une manoeuvre électorale de politiciens en route vers une campagne électorale. Qui oserait s’opposer aux volontés du gouvernement Legault au zénith de sa popularité ?
Y a-t-il de l’électoralisme dans cette acceptation canadienne ? Bien sûr. Seulement de l’électoralisme ? Pas sûr.
ENTRÉE CANADIENNE
La CAQ se définit comme nationaliste. Or, son nationalisme s’inscrit dans l’ordre canadien. La CAQ joue selon les règles du Canada. Elle utilise les mécanismes prévus dans la Charte.
Elle se contente de défendre ses champs de compétence, sans jamais en revendiquer de nouveaux. Elle espère, comme les gouvernements libéraux précédents, une hausse des transferts en santé, qui ne viendra jamais. Bref, elle ne pose pas de gestes de rupture et ne remet jamais en question les rapports de force.
Puis, maintenant, par le projet de loi 96, la CAQ officialise par la porte arrière l’inscription du Québec français dans la Constitution canadienne. Ce projet de loi ne s’arrête pas à quelques prothèses linguistiques : il officialise l’entrée du Québec dans le giron canadien. Que cela soit clair.
CANADA FRANÇAIS
Poussons le bouchon de la réflexion. Le nationalisme de la CAQ incarne un certain retour du Canada français.
Défensif et identitaire, il est uniquement dédié à la protection de nos acquis, et n’est aucunement accroché à nos institutions sociales et politiques. Il s’adresse surtout à la majorité francophone.
Ce Canada français a toujours été inoffensif pour l’ordre canadien. Il est même en symbiose avec lui.
Autrefois, il concrétisait un pays binational. Aujourd’hui, il rend réel un pays plurinational.
Voilà pourquoi, au-delà de l’électoralisme, le Canada n’a aujourd’hui pas beaucoup de réticence à inscrire une symbolique « nation francophone » dans la Constitution canadienne.