Pas si mal, notre endettement !
La semaine dernière, Equifax a dévoilé des données sur l’endettement, des chiffres qui font peur… à première vue. Saluons le bel effort de toute la chaîne pour donner un spin négatif à des résultats encourageants.
« Les Canadiens encore plus endettés » ; « Hausse sans précédent des dettes hypothécaires » ; « Les consommateurs doivent 2080 milliards $ »… Encore une fois, les grands titres laissaient présager le pire.
À la source, le titre du communiqué de presse d’equifax sème en partant la confusion : « La vigueur du marché immobilier entraîne une hausse générale de l’endettement à la consommation ».
DES BONNES NOUVELLES
En réalité, Equifax nous apprend plus loin que le crédit à la consommation, au contraire, diminue, mais que ce sont les dettes hypothécaires qui augmentent, lesquelles sont contrebalancées par des actifs immobiliers dont la valeur prend aussi de l’ampleur. Bref, si vous croyez avoir entendu les trompettes de l’apocalypse, c’était probablement le camion de pompier qu’on a appelé par erreur.
En fait, sous un titre négatif, l’agence de crédit rapporte essentiellement de bonnes nouvelles : les soldes impayés sur les cartes de crédit n’ont jamais été aussi bas depuis 2015. Le nombre de cartes par consommateur régresse, les jeunes payent leurs dettes, le taux de défaillance (des paiements en retard) est en baisse.
On apprend en outre que les consommateurs québécois affichent le taux de défaillance le plus bas au pays à 0,71 %, une amélioration de plus de 36 % par rapport à l’année dernière, le progrès le plus important observé d’un océan à l’autre.
PLUS DE BONNES NOUVELLES
Ces statistiques de l’agence de crédit remontent au premier trimestre 2021. Dans la même veine, la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) a récemment publié un rapport statistique intitulé « Tendances nationales du crédit hypothécaire et du crédit à la consommation ». L’organisme a réalisé des calculs à partir des données d’equifax du trimestre précédent, le dernier de 2020, une année maudite ! Qu’apprend-on ?
Que 30 % des consommateurs ont amélioré leur score de crédit au dernier trimestre de 2020 par rapport à la période correspondante de 2019. Plus de 50 % ont maintenu leur cote, et 16 % environ ont subi une détérioration. Depuis 2015, le pointage moyen des détenteurs de crédit n’a cessé de s’améliorer, passant de 751 à 765. D’accord, c’est marginal, mais c’est toujours ça. Il s’est aussi légèrement amélioré chez les personnes qui n’ont pas contracté de prêt hypothécaire, pour s’établir à 753.
En passant, sans casser la baraque, 753, c’est bon. C’est suffisant pour se faire accorder une hypothèque.
Dans la région de Montréal, le taux de prêts hypothécaires en souffrance est en baisse constante depuis 2015. À l’échelle nationale, la part des emprunteurs hypothécaires présentant un risque élevé de faillite a diminué de moitié ou presque en six ans, passant de 6,29 % à 3,77 %.
Il me semble qu’on disait encore récemment que les syndics allaient être débordés ! Ils connaîtront peut-être une croissance de leurs affaires, mais ce ne sera pas le tsunami appréhendé.
LES RÉSULTATS DES BANQUES
Autre signal que l’endettement ne part pas en dérapage : les résultats financiers des banques. Les unes après les autres, elles ont récemment annoncé des profits en nette hausse, entre autres parce qu’elles ont réduit considérablement leurs réserves pour mauvaises créances. La donnée, en soi, est à prendre avec un grain de sel, mais elle s’ajoute à d’autres indices qui pointent dans le même sens.
Je ne dis pas que tout est parfait, mais la réalité est moins sombre qu’on la dépeint souvent.