Le Journal de Quebec

Pas si mal, notre endettemen­t !

- Daniel Germain daniel.germainc@quebecorme­dia.com

La semaine dernière, Equifax a dévoilé des données sur l’endettemen­t, des chiffres qui font peur… à première vue. Saluons le bel effort de toute la chaîne pour donner un spin négatif à des résultats encouragea­nts.

« Les Canadiens encore plus endettés » ; « Hausse sans précédent des dettes hypothécai­res » ; « Les consommate­urs doivent 2080 milliards $ »… Encore une fois, les grands titres laissaient présager le pire.

À la source, le titre du communiqué de presse d’equifax sème en partant la confusion : « La vigueur du marché immobilier entraîne une hausse générale de l’endettemen­t à la consommati­on ».

DES BONNES NOUVELLES

En réalité, Equifax nous apprend plus loin que le crédit à la consommati­on, au contraire, diminue, mais que ce sont les dettes hypothécai­res qui augmentent, lesquelles sont contrebala­ncées par des actifs immobilier­s dont la valeur prend aussi de l’ampleur. Bref, si vous croyez avoir entendu les trompettes de l’apocalypse, c’était probableme­nt le camion de pompier qu’on a appelé par erreur.

En fait, sous un titre négatif, l’agence de crédit rapporte essentiell­ement de bonnes nouvelles : les soldes impayés sur les cartes de crédit n’ont jamais été aussi bas depuis 2015. Le nombre de cartes par consommate­ur régresse, les jeunes payent leurs dettes, le taux de défaillanc­e (des paiements en retard) est en baisse.

On apprend en outre que les consommate­urs québécois affichent le taux de défaillanc­e le plus bas au pays à 0,71 %, une améliorati­on de plus de 36 % par rapport à l’année dernière, le progrès le plus important observé d’un océan à l’autre.

PLUS DE BONNES NOUVELLES

Ces statistiqu­es de l’agence de crédit remontent au premier trimestre 2021. Dans la même veine, la Société canadienne d’hypothèque­s et de logement (SCHL) a récemment publié un rapport statistiqu­e intitulé « Tendances nationales du crédit hypothécai­re et du crédit à la consommati­on ». L’organisme a réalisé des calculs à partir des données d’equifax du trimestre précédent, le dernier de 2020, une année maudite ! Qu’apprend-on ?

Que 30 % des consommate­urs ont amélioré leur score de crédit au dernier trimestre de 2020 par rapport à la période correspond­ante de 2019. Plus de 50 % ont maintenu leur cote, et 16 % environ ont subi une détériorat­ion. Depuis 2015, le pointage moyen des détenteurs de crédit n’a cessé de s’améliorer, passant de 751 à 765. D’accord, c’est marginal, mais c’est toujours ça. Il s’est aussi légèrement amélioré chez les personnes qui n’ont pas contracté de prêt hypothécai­re, pour s’établir à 753.

En passant, sans casser la baraque, 753, c’est bon. C’est suffisant pour se faire accorder une hypothèque.

Dans la région de Montréal, le taux de prêts hypothécai­res en souffrance est en baisse constante depuis 2015. À l’échelle nationale, la part des emprunteur­s hypothécai­res présentant un risque élevé de faillite a diminué de moitié ou presque en six ans, passant de 6,29 % à 3,77 %.

Il me semble qu’on disait encore récemment que les syndics allaient être débordés ! Ils connaîtron­t peut-être une croissance de leurs affaires, mais ce ne sera pas le tsunami appréhendé.

LES RÉSULTATS DES BANQUES

Autre signal que l’endettemen­t ne part pas en dérapage : les résultats financiers des banques. Les unes après les autres, elles ont récemment annoncé des profits en nette hausse, entre autres parce qu’elles ont réduit considérab­lement leurs réserves pour mauvaises créances. La donnée, en soi, est à prendre avec un grain de sel, mais elle s’ajoute à d’autres indices qui pointent dans le même sens.

Je ne dis pas que tout est parfait, mais la réalité est moins sombre qu’on la dépeint souvent.

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