Le Journal de Quebec

Victoire sur son idole de jeunesse

Félix Auger-aliassime a battu son idole de jeunesse Roger Federer sur sa surface de prédilecti­on à Halle

- Louis Butcher l Lbutcherjd­m

Félix Auger-aliassime n’aurait jamais pensé affronter un jour Roger Federer, mais encore moins imaginé battre celui qui a été son idole de jeunesse.

C’est pourtant l’exploit plutôt inattendu qu’a réalisé le Québécois, hier au tournoi de tennis de Halle, quand il a vaincu la légende suisse en trois manches de 4-6, 6-3 et 6-2.

Après avoir vu Federer imposer son rythme au premier set, Auger-aliassime, appuyé par un service efficace, a su renverser la vapeur en remportant les deux suivants de façon convaincan­te.

« C’est une victoire incroyable et, honnêtemen­t, je ne m’y attendais pas, a déclaré la 21e raquette mondiale. C’est certain que mon objectif est de gagner à chaque match, mais là, j’avais devant moi mon idole Roger... »

« CÂLI… DE TAB… »

Il s’agissait du tout premier duel opposant ces deux joueurs nés un 8 août, mais à 19 ans d’intervalle. Au profit de statistiqu­es éloquentes, dont 37 coups gagnants (contre 28 pour Federer), 15 fautes directes (contre 25) et 13 as (contre 5), Auger-aliassime ne s’est pas mesuré à un rival au sommet de son art. Du moins, pas après la manche initiale.

Contrairem­ent à sa rencontre l’opposant à son partenaire de double, Hubert Hurkacz, qu’il a battu en deux manches lundi, Auger-aliassime a donc su garder son calme et surtout éviter les jurons. On l’a clairement entendu dire « Câli… de tab… » après un coup manqué contre le Polonais. Les arbitres n’auront sans doute pas le choix de suivre un petit cours sur ces expression­s sacrées !

« UN HONNEUR »

« J’ai toujours voulu jouer contre lui avant qu’il ne prenne sa retraite, a renchéri Auger-aliassime, mais je ne pensais pas que ça arriverait un jour. Jamais j’aurais aussi cru pouvoir atteindre son niveau de jeu. C’est un honneur de m’être retrouvé devant lui pendant un vrai match. »

Les deux joueurs s’étaient entraînés ensemble il y a quelques années à Dubaï.

UN AS EN LEVER DE RIDEAU

Après avoir été incapable de confirmer deux balles de bris au septième jeu de la première manche, Auger-aliassime a vu Federer porter la marque à 4-3 au profit, justement, d’un premier bris de service. Le huitième joueur mondial, cinquième favori de la compétitio­n, n’a pas été inquiété au premier set par la suite, avant que tout ne bascule pour lui.

« Oui, j’étais un peu nerveux lors de la période d’échauffeme­nt, a ajouté le vainqueur, mais dès le début de la rencontre, je me suis senti à l’aise. »

Le gagnant a d’ailleurs réussi un as dès son premier coup de raquette.

« Cette victoire est bonne pour la confiance », a conclu le Québécois.

Sa saison sur gazon, amorcée la semaine dernière, se déroule bien avec une participat­ion en finale (battu par le Croate Marin Cilic) à Stuttgart, en Allemagne. En quarts de finale, Auger-aliassime se mesurera demain à l’américain Marcos Giron (75e au monde), tombeur de l’allemand Jan-lennard Struff en trois sets de 6-7, 6-3 et 6-4.

MAUVAIS PRÉSAGE

Exclu des courts pendant plus d’un an pour soigner des genoux mal en point, Federer, à l’aube de ses 40 ans, n’a pas montré la forme du champion qu’il a été dans le passé.

Cette défaite dans son jardin allemand, où il convoitait un 11e titre, est certes un mauvais présage pour la suite de son parcours. Sur sa surface de prédilecti­on, le gazon, il n’a jamais été l’ombre de lui-même. Federer a fait attendre les journalist­es pendant près de deux heures et demie après sa défaite.

« Je n'étais évidemment pas content du troisième set et de la fin du match, a-t-il expliqué. J'ai surtout préféré prendre mon temps avant de me présenter en conférence de presse pour éviter de tenir des propos à chaud que j’aurais probableme­nt regrettés.

« J’ai eu des hauts et des bas, mais ça fait partie du processus de retour. De son côté, Félix a manifesté sa volonté de gagner. »

Plus que jamais, l’hypothèse d’un neuvième titre à Wimbledon, dans quelques semaines, paraît improbable.

DES ÉLOGES

Ils ont été plusieurs à se réjouir de la victoire d’auger-aliassime.

« C’est très prometteur pour Wimbledon, a relaté Eugène Lapierre, directeur de l’omnium Banque Nationale. Félix est capable de performer sur toutes les surfaces, mais je n’aurais pas pensé que le gazon serait sa meilleure. Il a été solide au service et jamais déstabilis­é par la présence de Federer. »

Sylvain Bruneau, responsabl­e du tennis féminin à Tennis Canada, a lui aussi fait l’éloge du Québécois.

« Il a bien servi et bien retourné la balle. Cela a fait la différence. Ce n’est pourtant jamais facile à faire contre Federer sur le gazon », a souligné l’ex-entraîneur de Bianca Andreescu, qui, incidemmen­t, a encore perdu hier à son premier match, cette fois à Berlin face à la Française Alizé Cornet.

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PHOTO REUTERS Félix Auger-aliassime lors de son match hier face à Roger Federer.
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