Le Journal de Quebec

Des pressions pour ur retirer sa plainte ?

L’accusé aurait contraint sa conjointe à mentir aux policiers selon une amie de la victime

- KATHLEEN FRENETTE – Avec la collaborat­ion d’elsa Iskander

Après avoir porté plainte contre son conjoint violent en décembre 2020, la treizième victime de féminicide survenu au Québec se serait rendue elle-même au poste de police sous la pression de son conjoint, en 2021, pour demander que la plainte soit retirée, assure une amie de la femme assassinée.

C’est du moins l’informatio­n obtenue par Le Journal en lien avec le triste meurtre qui s’est produit dans la nuit de lundi à mardi, avenue Duval, dans le quartier Limoilou.

Selon ce que la victime, Nathalie Piché, a raconté à une amie, elle aurait retiré sa plainte après avoir subi de la pression, du chantage émotif et vécu de la manipulati­on de la part de l’accusé de 33 ans, Noureddine Mimouni, avec qui elle était mariée.

Toutefois, selon une autre version obtenue par Le Journal, lorsque Nathalie Piché s’est présentée au poste de la centrale du parc Victoria et qu’elle s’est fait demander si elle subissait des pressions de la part de son conjoint, cette dernière aurait répondu par la négative.

« Comme la victime souhaitait retirer sa plainte, et après avoir échangé avec elle, la procureure a déclaré au tribunal ne pas avoir de preuve à offrir. Toutefois, l’engagement en vertu d’un 810 permettait d’imposer à l’accusé des conditions minimales visant à protéger la victime », a rappelé la porte-parole au DPCP, Me Audrey Roy-cloutier, tout en précisant que la marche à suivre avait été « respectée rigoureuse­ment ».

Sans le savoir, ce jour-là, la femme de 55 ans venait de sceller le triste sort qui a laissé ceux qui l’ont connue, même brièvement, sous le choc, et incrédules.

SOUS LE CHOC

« J’ai vraiment figé » en apprenant l’identité de la victime aux nouvelles, raconte Joëlle Vaillancou­rt, ancienne duchesse de Limoilou pour La Revengeanc­e des duchesses, qui vit à Québec et travaille au cégep Garneau.

En 2019, elle avait rencontré Mme Piché lors d’une entrevue pour une série de portraits sur des résidents du quartier Limoilou.

« J’y croyais pas… Elle était tellement charitable. Ça m’a fait de la peine, en tant que femme, qu’elle ait vu cette bonté se retourner contre elle », regrette-t-elle.

BIENVEILLA­NTE ET GÉNÉREUSE

De cette unique rencontre, Mme Vaillancou­rt garde le souvenir d’une femme bienveilla­nte, accueillan­te et charitable, ayant à coeur sa famille et ses quatre enfants.

Pendant quelques heures, Mme Piché s’était confiée sur son parcours de combattant­e. Son père était atteint de maladie mentale et sa mère avait quitté le domicile familial lorsqu’elle n’avait que 10 ans.

Mère monoparent­ale à l’adolescenc­e, elle a subvenu aux besoins de sa fille grâce à l’aide sociale. Avant sa trentaine, trois autres enfants ont vu le jour, puis elle est retournée sur les bancs d’école. « Elle me disait beaucoup : “J’en ai mangé de la misère” », a dit la dame qui conservera de la victime le souvenir d’une femme généreuse.

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PHOTO STEVENS LEBLANC Les policiers ont passé au peigne fin les ordures et le recyclage à proximité des lieux du meurtre de Nathalie Piché (en mortaise), mardi. Ils ont notamment découvert un couteau dans un bac à l’extérieur et l’ont emporté pour analyse.

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