Le tunnel de la peur
Incapable de justifier un projet irrationnel dont il a fait sa promesse phare à Québec en 2018, le gouvernement Legault franchit les limites de l’acceptable en utilisant les travaux sur le pont Pierre-Laporte pour mener une campagne de peur.
Prêt à tout pour défendre l’indéfendable, le gouvernement Legault rivalise en effet d’imagination pour tenter de trouver un bien-fondé à ce tunnel dont les coûts pourraient avoisiner les 10 milliards de dollars.
Ainsi, pour Geneviève Guilbault, ministre responsable de la Sécurité publique et de la Capitale-nationale, les travaux effectués sur le pont Laporte cet été, et les complications qu’ils engendreront, démontrent « hors de tout doute la nécessité d’avoir un troisième lien. »
La CAQ évoque des questions de sécurité, et le nombre d’ambulances passant chaque jour sur le pont.
Mais depuis quand au juste devient-il nécessaire de construire un nouveau pont ou un tunnel parce qu’on effectue des travaux pendant 22 jours sur une infrastructure, sous prétexte d’assurer la sécurité ? Et de permettre aux ambulances d’y circuler ?
À ce compte-là, devrait-on construire un tunnel parce qu’il y a des travaux sur l’autoroute Henri-iv, où circulent également des véhicules d’urgence ? Devrait-on construire un deuxième pont à Trois-rivières chaque fois que des travaux importants ont cours sur le pont Laviolette ? Même chose à Chicoutimi ? Et ailleurs ? C’est l’envers du bon sens.
RALLONGER LE PARCOURS
Ne serait-il donc pas plus à propos, pour le gouvernement, de s’interroger sur les méthodes du MTQ pour ce chantier ?
Rappelons-nous par ailleurs que la majorité des gens qui empruntent les ponts, selon les données officielles, circulent de l’ouest de Lévis vers l’ouest de Québec.
Quel serait donc l’avantage, pour ces automobilistes, de se rendre jusqu’à l’autre bout de la 20, à la hauteur de Monseigneur-bourget, pour ensuite atterrir soit dans Saint-roch, soit à Expocité, et de devoir refaire le chemin inverse, tout cela à l’heure de pointe, pour revenir vers Sainte-foy ? Aucun. Ils rallongeraient trop leur parcours.
En fait, il revient au gouvernement, pour chaque séquence de travaux majeurs sur des infrastructures, de s’assurer que les enjeux de sécurité ont été abordés et des solutions adéquates, mises en place.
Ne serait-il donc pas plus à propos, pour le gouvernement, de s’interroger sur les méthodes du MTQ pour ce chantier ? Est-il vraiment nécessaire de procéder de manière aussi contraignante ?
Les explications du ministère apparaissent peu convaincantes. Il est d’ailleurs à propos de rappeler que ces travaux doivent être effectués afin de corriger une erreur commise par le MTQ, en 2014, et qui coûtera 2 M$.
« Si le seul argument qui tient encore la route c’est vingt jours de travaux sur le pont Laporte en plein été, et que certains jugent que le bon peuple québécois devrait payer un demi-milliard par jour pour des souffrances passagères de congestion, c’est peut-être que la campagne pro-3e lien qui sévit en continu depuis des années dans la grande région de Québec commence à aller vraiment mal », écrivait cette semaine la députée Catherine Dorion sur sa page Facebook.
L’élue met ici le doigt sur le noeud de l’affaire. Le gouvernement Legault s’avère vraiment désespéré pour se permettre de tomber aussi bas.