Voir aussi la chronique de Pierre Martin
Le sommet de Genève n’a pas été la scène de gestes dramatiques ou de démonstrations d’hostilité. Ils se sont rencontrés. Ils se sont parlé. La terre va continuer de tourner.
Un des buts du premier voyage de Biden comme président était de promouvoir une diplomatie stable et prévisible, tout en signalant au monde que le cirque est terminé et que les adultes sont de retour aux commandes de son pays.
Après le G7 et L’OTAN, Biden n’avait pas nécessairement besoin de rencontrer Vladimir Poutine, mais il tenait à mettre certaines choses au clair, et la stabilité globale y gagnera.
RETOUR DE LA DIPLOMATIE
En ouvrant sa conférence de presse, Biden disait voir la diplomatie comme une extension des relations interpersonnelles.
Bien sûr, c’est faux. Biden l’a rappelé lui-même en affirmant : « Ce n’est pas une question de confiance. C’est une question d’intérêts et de vérification. » Comme Biden l’a ensuite dit en décrivant sa relation avec le président chinois, en des termes qui s’appliquent exactement à la relation avec Poutine : « Ce n’est rien de personnel. It’s just business. »
C’est rafraîchissant de voir un président américain adopter une telle approche pragmatique des relations étrangères après un prédécesseur qui plaçait sa propre personne et ses sentiments au-dessus de tout.
QUELQUES RÉSULTATS CONCRETS
Concrètement, le retour à la diplomatie se fera d’abord sentir par la réouverture des ambassades et, surtout, par l’engagement à reprendre les négociations pour le contrôle des armements nucléaires.
Évidemment, les désaccords n’ont pas disparu, mais Biden avait besoin de signaler clairement à Poutine les positions des États-unis et de leurs alliés sur, entre autres, l’intégrité territoriale de l’ukraine, les cyberattaques et autres ingérences russes aux ÉtatsUnis, mais aussi l’appui des États-unis et des autres démocraties aux droits humains et aux libertés fondamentales en Russie et ailleurs.
Ce dernier point est important. Cela faisait plusieurs années que Vladimir Poutine n’avait pas été confronté directement sur les abus des droits humains par son régime.
RETOUR À LA MAISON
Que rapporteront les deux leaders de ce sommet ?
Vladimir Poutine a marqué des points en étant traité en égal dans ce sommet alors que le poids économique de son pays ne le justifie pas. Joe Biden n’avait pas grand-chose à gagner, mais il n’a rien perdu.
Sur le plan de l’image, il est intéressant de contraster les deux conférences de clôture. Le président russe avait intérêt à gonfler l’importance de l’événement, mais sa conférence dans une pièce plutôt terne n’en donnait pas l’impression.
Biden ne cherchait pas à exagérer l’importance de l’événement, mais il a tenu sa conférence devant le décor majestueux du lac Leman. On lui reprochera sans doute d’avoir esquivé les questions de reporters sympathiques au régime de Poutine, mais il a clairement énoncé qu’il entend demeurer ferme face aux violations des normes internationales par la Russie.
Selon Biden, il faudra juger Poutine sur ses actions, pas sur ses paroles.
« La preuve », a-t-il souligné avec justesse, « sera dans le pouding ».
Selon Biden, il faudra juger Poutine sur ses actions, pas sur ses paroles.