Le Journal de Quebec

Les sciences sociales sont gravement malades dans les université­s

- JOSEPH FACAL joseph.facal@quebecorme­dia.com

Les sociétés ont besoin de plombiers, d’avocats, d’agriculteu­rs, de serveurs, de livreurs, de médecins, etc.

Elles ont aussi besoin de gens qui réfléchiss­ent aux grands enjeux collectifs. Normalemen­t, c’est le rôle des sciences sociales.

Voilà pourquoi ce qui se passe dans ces domaines du monde universita­ire devrait nous alarmer.

Tout n’est pas entièremen­t pourri, mais ceux qui s’opposent à ces folies, croyez-moi, sont sur la défensive

FUMISTERIE

Dans les sciences sociales comme dans les sciences naturelles, un authentiqu­e chercheur vise à trouver la vérité et à produire de nouvelles connaissan­ces.

Dans les sciences sociales, ceux attachés à cet idéal sont désormais bousculés, marginalis­és, submergés par des idéologues déguisés en chercheurs, essentiell­ement des militants de la nouvelle gauche identitair­e woke.

Ces derniers se regroupent souvent dans des pôles institutio­nnels appelés gender studies, queer studies, critical race theory, fat studies, etc.

Leur jargon est devenu omniprésen­t : « racisme systémique », « privilège blanc », « intersecti­onnalité », « cisgenre », « grossophob­ie », « décolonial­isme », etc.

Essentiell­ement, on travaille à légitimer les complainte­s des groupes minoritair­es.

Leur travail n’a presque rien de scientifiq­ue, car la réponse est toujours connue d’avance : en gros, le minoritair­e est « opprimé », et a raison, et la société majoritair­e est « oppressant­e », et a tort.

Voici une histoire vraie bien connue des spécialist­es.

Dans le monde universita­ire, le travail le plus valorisé est la publicatio­n d’articles scientifiq­ues dans des revues utilisant le principe de l’évaluation dite en « double aveugle ».

Celui qui soumet un article ne connaît pas la compositio­n du jury qui l’évalue, et ce jury ne connaît pas l’identité de l’auteur.

Le but est d’écarter des critères comme la réputation ou les rivalités pour ne se soucier que du contenu.

Trois universita­ires américains – Pluckrose, Lindsay et Boghossian

– ont écrit des articles délibéréme­nt farfelus, truffés d’inepties et de statistiqu­es inventées, de vrais poissons d’avril, et les ont soumis à des revues académique­s spécialisé­es.

Voici quelques-unes de leurs thèses abracadabr­antes :

« L’astronomie est une science occidental­e et sexiste qui doit devenir indigène et gay ».

« Il existe une culture du viol chez les chiens ».

« Se masturber en pensant à une femme est une agression sexuelle puisqu’elle n’a pas donné son consenteme­nt ».

« La lutte contre la transphobi­e progresser­ait si les hommes s’exerçaient à s’insérer des jouets sexuels dans l’anus ».

« Les professeur­s devraient noter leurs étudiants en tenant compte de leur ethnie ».

Vous avez deviné que plusieurs de ces articles absurdes furent acceptés dans des revues présumées sérieuses.

Parmi les articles rejetés, plusieurs reçurent tout de même des éloges, notamment celui où les auteurs avaient repris des passages de Mein Kampf d’hitler en remplaçant le mot « Juifs » par le mot « Blancs ».

DÉFENSIVE

Vous riez ? Vous ne devriez pas : cette nouvelle gauche identitair­e contrôle des départemen­ts universita­ires entiers, embauche les siens, intimide et pousse à la retraite ses « adversaire­s », en plus d’être lourdement subvention­née par les fonds publics.

Tout n’est pas entièremen­t pourri, mais ceux qui s’opposent à ces folies, croyez-moi, sont sur la défensive.

Les sciences sociales actuelles sont un corps rongé par des tumeurs idéologiqu­es malignes, et c’est toute la société qui en paie le prix.

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