Une députée inuite victime de profilage au parlement
La représentante du Nunavut cloue la Chambre des communes au pilori
OTTAWA | Une députée néodémocrate inuite quitte la politique avec fracas, en se disant victime de profilage racial au parlement et en dénonçant l’inaction d’ottawa à l’égard des peuples autochtones.
« Je ne me suis jamais sentie en sécurité ou protégée dans ma position, particulièrement à l’intérieur de la Chambre des communes », a dit mardi Mumilaaq Qaqqaq, députée du Nouveau parti démocratique au Nunavut.
Dans un vibrant discours livré en Chambre pour annoncer qu’elle ne se représentera pas aux prochaines élections, Mme Qaqqaq a expliqué que, en raison de son apparence, les gardiens de sécurité du parlement l’ont poursuivie en courant dans les corridors.
« Ils ont presque porté les mains sur moi et m’ont profilé racialement, a-t-elle dit. Je ne devrais pas avoir peur de venir au travail. »
PHRASES CREUSES
Élue pour la première fois en 2019, à seulement 25 ans, la jeune femme souhaitait avant tout contribuer à réduire le taux de suicide galopant au Nunavut, accroître l’accès au logement et assurer la sécurité alimentaire de sa région.
Mais deux ans plus tard, elle quitte la politique avec amertume en dénonçant les phrases creuses et l’absence d’actions réelles de la part d’ottawa sur le terrain.
« Nous sommes en 2021 et aucun progrès n’a eu lieu, a-t-elle dénoncé. Les gens au pouvoir ont des choix à faire, et ils choisissent constamment des priorités qui maintiennent en place des systèmes d’oppression. »
COLONIALISME
Dans ce contexte, Mme Qaqqaq estime ne pas avoir sa place au sein de la machine fédérale « colonialiste ».
« La réalité c’est que cette institution et ce pays ont été créés sur le dos, le traumatisme et le déplacement des peuples autochtones », a-t-elle lâché, tout en remerciant néanmoins le chef néo-démocrate Jagmeet Singh pour son appui constant et son engagement sincère à l’égard des Autochtones.
D’ici la fin de son mandat, la députée Qaqqaq espère voir adopter un projet de loi privé réclamant qu’élections Canada permette aux électeurs autochtones de voter dans leur langue. Pour le moment, les bulletins de vote sont uniquement en français et en anglais.
« Je suis profondément triste d’entendre encore une fois que la Chambre des communes n’accueille pas les femmes qui osent dire la vérité qui dérange, les femmes autochtones, noires, qui ne veulent pas se taire », a réagi l’ex-présidente du Conseil du Trésor Jane Philpott, qui a quitté son poste en 2019 en solidarité avec une autre élue autochtone, Jody Wilson-raybould.