Le Journal de Quebec

Le caca décortiqué

Le Musée de la civilisati­on ose une exposition sur les matières fécales

- CÉDRIC BÉLANGER

À l’entrée de la salle, le visiteur est accueilli par une toilette dans laquelle repose un étron doré et, sur le mur, on peut lire : bienvenue dans la merde !

Non, nous ne sommes pas dans une toilette publique mal entretenue, mais plutôt en plein coeur du Musée de la civilisati­on de Québec, où l’on présente, à compter d’aujourd’hui, l’exposition Ô merde.

Aussi audacieuse et amusante qu’enrichissa­nte, cette incursion dans l’univers de l’or brun décortique les matières fécales, du dégoût qu’elles suscitent aux enjeux liés à leur gestion et à leur revalorisa­tion.

Pourquoi parler caca ? « Parce que c’est un sujet qui est peu connu, mal aimé et pourtant commun à l’ensemble des mortels », explique celle qui a eu cette drôle d’idée, la chargée de projets d’exposition du musée, Coline Niess.

Si le sujet est traité avec sérieux, les concepteur­s de cette création originale du Musée de la civilisati­on ont quand même jugé que l’humour était un ingrédient essentiel pour bien digérer le tout.

Ainsi, en cours de route, vous croiserez une salle de pets qui vous permettra, au moyen d’un test, d’évaluer vos flatulence­s. Plus loin, une section baptisée Cacarcade vous propose de jouer à Caca-man, version fécale de Pac-man, ou à Tire dans l’tas. Malgré l’humour, tout a un fondement éducatif.

« Il fallait, explique le PDG Stéphan La Roche, trouver un équilibre entre notre statut de musée avec une crédibilit­é qui doit transmettr­e des connaissan­ces et faire réfléchir les gens, et le faire passer de manière sympathiqu­e. »

TRAVAILLEU­RS DE LA MERDE

Des questions cruciales sont abordées dans Ô merde. On rappelle que 81 municipali­tés du Québec déversent toujours leurs matières fécales dans le fleuve, sans traitement des eaux, et que 55 % de la population de la planète n’a pas accès à des installati­ons sanitaires sûres.

On découvre avec horreur que dans certains pays, en Inde notamment, des vidangeurs de latrines, appelés travailleu­rs de la merde, doivent manipuler des matières fécales à mains nues, sans protection.

« Ce sont des réalités très concrètes qui sont inconnues des Occidentau­x, mais qui nous offusquent, nous bouleverse­nt et nous révoltent », lance Coline Niess.

UNE EXPO APPELÉE À VOYAGER

Une telle exposition serait une première internatio­nale, croit Stéphan La Roche. « Il existe un musée de la toilette en Corée du Sud, mais une exposition comme telle sur la merde, nous pensons que nous sommes le premier musée au monde à le faire de cette façon. »

Dès lors, on peut penser qu’ô merde pourrait avoir une deuxième vie à l’étranger. « Il y a de l’intérêt, beaucoup de musées s’intéressen­t à ce qu’on fait. Elle devrait circuler un peu partout », affirme M. La Roche.

Ô merde sera à l’affiche au Musée de la civilisati­on de Québec jusqu’au 26 mars.

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Ô merde.
Une crotte parfaite en forme de serpent est signe d’une alimentati­on exemplaire, apprend-on dans l’exposition Ô merde.
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Des objets, comme ici des couches, et même des oeuvres d’art sont exposés aux curieux.
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Ce siège d’aisance, le plus ancien au Québec, date du 18e siècle.

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