Le « crime odieux » de Claire Samson
Députée de la CAQ, Claire Samson a refilé un billet de 100 $ à Éric Duhaime pour aider le Parti conservateur. Pour ce « crime odieux », François Legault l’a expulsée haut et court.
Le premier ministre ne supporte aucun écart, sauf pour un proche comme Pierre Fitzgibbon. C’est vrai qu’un petit coup de pouce entre rivaux politiques n’est pas ordinaire, mais Claire Samson n’est pas une politicienne ordinaire. Je la connais depuis des lunes. Jusqu’à son élection dans le comté d’iberville, elle avait fait toute sa carrière en télévision, occupant même à Télévision Quatre-saisons la chaise qui avait été la mienne.
Claire n’est pas une « bénieoui-oui ». C’est une femme singulière. Elle monte facilement sur ses grands chevaux – c’est d’ailleurs une écuyère émérite – et il lui arrive d’aboyer comme son chien Pepper pour se faire entendre. Pepper l’a accompagnée longtemps au travail pour lui servir de proche aidant en cas de crise d’épilepsie. Entre vous et moi, j’ai souvent pensé qu’elle préférait la compagnie de son chien à celle de plusieurs de ses collègues.
L’ancien président Harry Truman a déjà dit : « Si vous voulez un ami à Washington, achetez-vous un chien ». C’est sans doute parce qu’elle n’avait pas beaucoup d’amis à l’assemblée nationale qu’elle fut la première à y faire accepter un chien en 2015. Elle pourrait même avoir songé à y faire accepter sa jument adorée !
CE N’ÉTAIT PAS LA FAVORITE
Claire n’a jamais été une favorite du « cheuf ». Elle n’avait pourtant ménagé ni ses pas ni ses efforts pour se faire élire comme députée de la CAQ à l’élection de 2012, qu’elle perdit de peu. Je la vois encore faire du porte-à-porte dans le comté d’iberville où je résidais à l’époque (et où j’ai voté pour elle deux fois plutôt qu’une).
Comme la plupart des candidats, elle promettait de faire de la politique « autrement ». Dans son cas, on pouvait y croire, car elle n’a jamais rien fait comme les autres.
Peuvent en témoigner tous ceux qui l’ont connue à la promotion de Télémédia, puis à Radio-canada comme directrice des communications, puis à Télé-métropole comme vice-présidente et de nouveau à Radio-canada avant d’occuper ma chaise à TQS. Après un autre retour à Radio-canada en 1997, elle fut choisie PDG de l’association des producteurs de films et de télévision du Québec, poste qu’elle a occupé durant plus d’une décennie. Un record absolu pour elle.
LES ARTISTES ATTENDENT
Enfin élue à l’assemblée nationale en 2014, elle devint aussitôt porte-parole de la CAQ en matière de culture et de communications. Elle fit même de « l’extra » en préparant le rapport Une langue commune à tous et pour tous. Celui-ci devint la politique officielle de la CAQ en matière de langue.
Rien de tout cela ne réussit à convaincre François Legault qu’elle était la candidate idéale comme ministre de la Culture et des Communications. Il lui préféra Nathalie Roy, qui avait, elle aussi, passé par TQS, TVA et Radio-canada, mais à des postes inférieurs et sans faire trop de vagues. Elle n’en fait pas davantage à la tête de son ministère.
Ceux qui connaissent Claire Samson regretteront la tournure qu’a prise son engagement politique. Les autres se féliciteront du flair de François Legault qui lui avait préféré Nathalie Roy. Quant aux artistes, les personnes les plus éprouvées de la pandémie, ils attendent encore que la ministre se réveille et donne suite à son engagement de réviser les lois sur le statut de l’artiste, vieilles de 35 ans.
Claire n’a jamais été une favorite du « cheuf »