Dans la peau de deux employés
Des journalistes ont travaillé incognito chez le géant Amazon
Deux journalistes ont enquêté dans les coulisses du géant américain du commerce en ligne Amazon et exposent leur démarche dans le documentaire L’envers d’amazon, qui détaille comment, derrière les livraisons ultrarapides, l’entreprise fait primer la productivité dans un environnement minutieusement contrôlé.
Dominique Cambron-goulet, du Bureau d’enquête de Québecor, a travaillé incognito pour le géant américain pendant six semaines pour documenter les pratiques d’amazon. Alexis Magnaval, du 24 heures, a pour sa part joué les chauffeurs-livreurs pour un sous sous-traitant d’amazon et livré entre 120 et 160 paquets par jour.
Le constat, au terme de cette aventure révélatrice au royaume de Jeff Bezos, l’un des fleurons les plus puissants au monde ?
« Ce n’est pas vrai que tout est beau dans le monde d’amazon », soutient Dominique Cambron-goulet.
Le documentaire L’envers d’amazon, habilement réalisé par Laurence Mathieu-léger et diffusé aujourd’hui sur Club illico, raconte la progression fulgurante d’amazon et son implantation au Canada et au Québec, avec des centres de distribution et de stockage de données ouverts à Varennes, Lachine et Longueuil en 2019 et 2020.
« On est partis de là pour essayer de voir si, au Québec, ça serait différent d’ailleurs dans le monde, notamment aux États-unis, où plusieurs cas de multiplication d’accidents de travail, de mauvaises conditions et de rythme infernal avaient été dévoilés », précise Dominique Cambron-goulet.
Résultat : la Belle Province reçoit des traitements semblables à ce qui se passe ailleurs entre les murs d’amazon. À savoir une surveillance constante du personnel par caméra, des travailleurs guidés par l’intelligence artificielle, parfois mal rémunérés et peu informés, etc.
TÉMOIGNAGES TROUBLANTS
À travers le compte rendu du séjour de CambronGoulet en usine, de Magnaval en livraison et au fil des témoignages d’experts et d’ex-employés (dont certains ont requis l’anonymat) parfois troublants, on remarque que les procédés d’amazon peuvent avoir des conséquences considérables sur l’humain et sur l’environnement et que le mot d’ordre de la compagnie demeure la productivité.
« C’est un travail difficile et aliénant, car tout nous est dicté. Un écran nous indique la quantité de produits à prendre, à quel endroit dans le module robotisé et quoi faire avec. On nous dit de monter dans une échelle ou de plier nos genoux, on nous dicte nos étirements le matin. Il n’y a aucune place à la réflexion dans ce travail… », révèle Dominique Cambron-goulet.
L’envers d’amazon est diffusé sur Club illico.