Gel des places dans les cégeps anglos
Les établissements francophones de Montréal auront un plus grand nombre d’élèves
« NOTRE GOUVERNEMENT VEUT RENFORCER LA PLACE DU FRANÇAIS AU QUÉBEC, ET SPÉCIALEMENT À MONTRÉAL. » – Danielle Mccann, ministre de l’enseignement supérieur
Le gouvernement Legault va augmenter le poids des cégeps francophones en créant près de 22000 places supplémentaires sur l’île de Montréal, en plus de geler le réseau anglophone pour les 10 prochaines années, a appris Lejournal.
À terme, le nombre d’élèves dans les cégeps de langue anglaise passera donc de 17,1 % de l’ensemble des effectifs à 13,4 %, sur tout le territoire québécois. La diminution est similaire dans la métropole ( voir le tableau).
Québec va ainsi plus loin que l’exige le projet de loi 96 sur la réforme de la Charte de la langue française, qui prévoit la « possibilité » d’ajouter 8,7 % de nouvelles places au réseau anglophone. Le Parti québécois avait d’ailleurs critiqué le gouvernement caquiste à ce sujet et réclamait carrément l’imposition de la loi 101 aux cégeps. En entrevue avec notre Bureau parlementaire, la ministre de l’enseignement supérieur explique que les prochaines années verront une hausse importante du nombre d’élèves arrivant du secondaire.
Danielle Mccann y voit donc une « opportunité » pour « renforcer la place du français à Montréal ».
« Il y a eu une augmentation importante dans les cégeps anglophones dans les dernières années, soutient-elle. Nous, on souhaite rééquilibrer tout ça. Parce que la proportion de la population anglophone, au Québec, c’est à peu près 13 %. Alors, on voit que ça dépasse la proportion de la population anglophone du Québec. »
INTÉGRER LES NOUVEAUX ARRIVANTS
La ministre ne s’en cache pas, l’enjeu est surtout d’éviter le transfert linguistique des immigrants vers l’univers anglophone, surtout à Montréal.
« C’est sûr qu’en augmentant les places dans les cégeps francophones, on veut attirer davantage d’étudiants allophones. C’est notre objectif », explique-t-elle, tout en faisant valoir l’importance de maîtriser la langue française pour décrocher un emploi et « mieux s’intégrer à la société québécoise ».
En vertu du projet de loi 96, les membres de la minorité historique anglophone auront priorité au moment de l’admission dans un cégep où l’on enseigne dans la langue de Shakespeare.
« Les étudiants francophones auront toujours le droit d’aller dans les cégeps anglophones, mais c’est sûr qu’il y en aura moins », dit Mme Mccann.
Son ministère étudie les façons d’améliorer l’enseignement de l’anglais langue seconde au collégial, assure-t-elle.
DAWSON AGRANDI ?
Cet afflux de nouveaux étudiants entraînera forcément des agrandissements pour les établissements francophones de la métropole.
« On va avoir de bonnes nouvelles au niveau du Plan québécois des infrastructures, cette année, pour plusieurs cégeps », promet Mme Mccann.
Entre-temps, l’agrandissement prévu au Collège Dawson semble désormais incertain, étant donné le gel d’effectifs du côté anglophone.
« Dawson, c’est un dossier qui est toujours en analyse. On n’a pas pris de décision à ce momentci et on continue nos travaux », dit la ministre.