Mort tragique lors d’une expédition au Groenland
Un Québécois a vu son partenaire faire une chute dans une crevasse
De retour sur le continent nord-américain, le Québécois Sébastien Audy se remet du choc qu’il a subi en voyant disparaître dans une crevasse, au Groenland, son partenaire d’expédition, le 7 juin dernier.
Malgré l’intervention d’une équipe de secouristes, qui a réussi à descendre à une profondeur de 40 mètres, le corps du Belge, Dixie Dansercoer, n’a pu être remonté à la surface. Les secouristes ont aperçu son traîneau, mais ils n’ont pas été en mesure de localiser le corps de l’explorateur.
Lui et Sébastien Audy participaient à une mission scientifique qui tirait à sa fin. Ils collectaient des échantillons de neige devant servir à l’étude des changements climatiques. Ils étaient à leur 31e journée lorsque le drame s’est produit, près de Qaanaaq.
Le Québécois, originaire de Chicoutimi, est établi à Washington depuis une dizaine d’années. De chez lui, il est revenu hier sur ces pénibles événements lors d’une entrevue accordée au Journal.
MOMENTS DIFFICILES
« Ce sont des moments qui sont très difficiles à vivre. C’est extrêmement triste. Nous avions cultivé un lien d’ami. [...] Je prends du mieux, mais je dois avouer que quelques fois par jour, les émotions remontent à la surface », a dit M. Audy d’une voix calme et posée.
Durant leurs déplacements en ski cerf-volant, les deux hommes se sont retrouvés dans une zone où il y avait beaucoup de crevasses recouvertes de glace et de neige et par conséquent, difficiles à repérer. Juste au moment où ils ont pris la décision de s’éloigner de cette zone à la marche, M. Dansercoer a disparu.
« Dixie était là, devant moi, et en une fraction de seconde, le sol s’est ouvert sous ses pieds et il a été englouti. Je l’ai vu disparaître brutalement entraînant son traîneau de plus de 200 lb avec lui », a témoigné M. Audy.
En rampant vers la crevasse qui avait une profondeur d’environ 90 m, M. Audy a entendu des sons provenant de l’abysse.
« J’ai établi un contact auditif avec Dixie. Il n’y avait pas de mots qui étaient compréhensibles. C’était plutôt des sons que j’entendais. »
Rapidement, il a communiqué avec la femme de l’explorateur belge, ainsi qu’avec le directeur de l’expédition afin de coordonner l’opération de sauvetage. L’hélicoptère est arrivé cinq heures plus tard. « J’étais en contact avec sa femme et je lui ai dit qu’elle l’aimait et que nous étions tous derrière lui. J’ai continué à lui parler même lorsqu’il n’y avait plus de réponse. Cela me donnait l’impression qu’il était blessé par la chute ou le traîneau. »
Les sons ont cessé après une heure. Avalé par cette crevasse, son ami reposera pour toujours dans les entrailles de la banquise. Malgré tout, M. Audy prévoit participer à d’autres expéditions, lui qui a gravi l’everest en 2008.