Le Journal de Quebec

La Caisse de dépôt mise sur les parcs de maisons mobiles

Le bas de laine des Québécois possède des parts dans 8800 sites aux États-unis

- SYLVAIN LAROCQUE

« TANT QU’ON LE FAIT CORRECTEME­NT, ÇA NOUS APPREND QUAND MÊME PAS MAL DE CHOSES SUR LA MANIÈRE DONT ON PEUT FAIRE DU RÉSIDENTIE­L PAS CHER »

– Nathalie Palladitch­eff, PDG d’ivanhoé Cambridge

En immobilier, la Caisse de dépôt et placement n’investit pas que dans les tours de bureaux, les entrepôts et les centres commerciau­x. Il y a deux ans, elle a fait l’étonnant pari d’acheter des parcs de maisons mobiles aux États-unis.

« Tout le monde ne peut pas accéder à la propriété. Ce qui était, avant, le rêve américain d’être absolument propriétai­re, eh bien, malheureus­ement, il y en a beaucoup qui ont expériment­é que ça pouvait se traduire par un cauchemar », raconte au Journal Nathalie Palladitch­eff, grande patronne de la filiale immobilièr­e de la Caisse, Ivanhoé Cambridge, en évoquant les ravages de la crise financière de 2008.

En 2018, l’occasion s’est présentée d’investir dans RHP Properties, le plus important exploitant privé de parcs de maisons « préfabriqu­ées » aux États-unis.

« JE N’AVAIS JAMAIS VU ÇA »

Mme Palladitch­eff a pris l’avion pour aller visiter l’un de ces parcs, question de bien comprendre de quoi il s’agissait.

« Je n’avais jamais vu ça. Ça n’existe pas vraiment en Europe », confie la Française.

Elle est revenue du voyage convaincue qu’il pouvait s’agir d’un bon investisse­ment pour la Caisse.

« Ce sont des ensembles – et on a vraiment bien choisi notre partenaire pour ça – qui sont très bien tenus, précise la dirigeante. C’est très propre et très bien organisé. [...] Tant qu’on le fait correcteme­nt, ça nous apprend quand même pas mal de choses sur la manière dont on peut faire du résidentie­l pas cher. »

Ivanhoé est actuelleme­nt copropriét­aire de 8800 sites de maisons mobiles aux É.-U. après en avoir acquis 1300 en 2020. Ils sont notamment situés en Pennsylvan­ie, au Wisconsin et en Arizona.

Les résidants, qui peuvent être locataires ou propriétai­res d’une maison mobile, versent un loyer au propriétai­re du parc où celle-ci se trouve. Le prix d’une maison mobile varie de 30 000 à 90 000 dollars américains.

« ENGAGEMENT SOCIÉTAL »

« On est dans un engagement sociétal, soutient Nathalie Palladitch­eff. Il y a un besoin. On y répond avec toute l’éthique qu’on peut y mettre et puis ça marche. »

La Caisse n’est pas le seul grand investisse­ur à voir du potentiel dans les maisons mobiles. Le fonds étatique singapouri­en GIC et de grandes firmes américaine­s comme Carlyle et Apollo ont également fait le saut. Pas moins de 4 milliards $ US ont été investis dans le secteur en 2018, selon le Financial Times.

 ?? PHOTOS COURTOISIE ?? Le Chesapeake Mobile Court, au Maryland, est l’un des parcs de maisons mobiles dans lesquels Ivanhoé Cambridge a investi.
PHOTOS COURTOISIE Le Chesapeake Mobile Court, au Maryland, est l’un des parcs de maisons mobiles dans lesquels Ivanhoé Cambridge a investi.

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