Les caissiers sur le chemin de la sortie
Walmart mènera dans quelques mois un projet pilote 100 % libre-service dans un magasin de Laurentides
Les caisses en libre-service prennent du galon chez les détaillants. Le géant du commerce de détail Walmart testera même un concept de magasin sans caissier au Québec. Un projet-pilote sera lancé à la fin de l’été dans son magasin de Sainte-agathe-des-monts.
« Notre entreprise est en plein coeur d’une transformation et nous poursuivons implacablement nos efforts afin de rendre l’expérience de magasinage dans les succursales plus simple et plus rapide pour nos clients », a indiqué le porte-parole de la chaîne, Steeve Azoulay.
Ces derniers jours, Walmart a annoncé le lancement d’un projet-pilote de « caisses libre-service à 100 % » au Canada et aux États-unis. Les magasins sélectionnés n’auront donc plus de caisses traditionnelles avec les tapis roulants.
Pour aider les clients, l’aire des caisses en libre-service sera dotée de préposés, avance la direction. Selon les résultats, Walmart pourrait déployer, par la suite, cette formule dans d’autres succursales.
« Nos clients ont adopté les nouvelles caisses en libre-service dans les succursales au fur et à mesure que celles-ci ont été installées partout au pays au cours des dernières années », indique M. Azoulay, ajoutant que ces espaces ont été agrandis pour répondre aux besoins.
Le détaillant assure que cette décision n’aura pas d’impact sur les emplois à Sainte-agathe-des-monts. La chaîne est présentement à la recherche de plus de 25 employés à ce site, notamment pour pourvoir des postes liés au déploiement du service d’épicerie en ligne.
« Au fil des ans, nous avons entendu des préoccupations selon lesquelles l’installation des caisses en libre-service a des répercussions sur les emplois, mais cela n’est tout simplement pas le cas », affirme M. Azoulay.
LES AUTRES
Walmart n’est pas la seule à miser sur les caisses en libre-service. C’est aussi le cas de Decathlon à Brossard et à Laval.
Ces dernières années, plusieurs enseignes ont déployé des systèmes similaires tout en conservant un service traditionnel, comme Dollarama, Canadian Tire, Pharmaprix, Metro et d’autres épiciers.
Hier, au Dollarama de Place Versailles, même si des caisses traditionnelles sont toujours visibles, les clients étaient dirigés vers le libre-service. Aujourd’hui, 250 magasins Dollarama au pays proposent les deux options. L’entreprise déploie ces outils depuis 2016.
« Nous continuons à installer cette technologie en combinaison avec des caisses traditionnelles lors de l’ouverture de nouveaux magasins », dit la porte-parole, Lyla Radmanovich.
COUCHE-TARD ET AMAZON
L’an dernier, le géant Alimentation Couche-tard avait annoncé qu’il souhaitait tester une technologie de paiement autonome et sans contact dans certains dépanneurs aux États-unis. La chaîne d’épiceries du groupe Amazon Go mise aussi sur un concept de magasins sans caissier.
Selon Yan Cimon, professeur de stratégie et de gestion à l’université Laval, ce choix de Walmart pourrait s’avérer « marquant » pour l’industrie en raison de la position dominante de la chaîne. Il estime que d’autres détaillants pourraient emboîter le pas.
« En soi, c’est une bonne manière pour contrôler les coûts et demeurer concurrentiels. […] Cela permettra de redéployer des ressources sur le plancher », explique-t-il.
Joanne Labrecque, professeure au Département de marketing à HEC Montréal, concède pour sa part que la pandémie a accéléré le virage technologique de plusieurs compagnies ainsi que l’utilisation de ces outils par les clients.
« On peut penser que c’est une réaction à Amazon Go. Amazon est de plus en plus dans l’alimentaire », dit-elle. « On sait aussi qu’il est plus difficile de recruter du personnel actuellement ».
« ABOMINATION »
Pour Stéphane Lacroix, directeur des communications chez Teamsters Canada, l’utilisation des caisses en libre-service est une « abomination ».
« Souvent, les grandes entreprises veulent mettre en place des caisses automatisées pour réponse à une soi-disant pénurie de main-d’oeuvre ou pour suivre la tendance. Nous, on pense que c’est juste un moyen pour ces entreprises de ne pas payer des gens correctement », avance-t-il.
Du côté des Travailleurs et travailleuses unis de l’alimentation et du commerce, on dit suivre ce dossier de près. Pour l’instant, le syndicat souligne ne pas avoir constaté de perte d’emplois liée au déploiement de ces technologies au fil des dernières années chez ses membres.
Roxane Larouche, responsable des communications, concède néanmoins que plusieurs entreprises évoquent la pénurie de main-d’oeuvre pour justifier cette solution.