Le Journal de Quebec

Les caissiers sur le chemin de la sortie

Walmart mènera dans quelques mois un projet pilote 100 % libre-service dans un magasin de Laurentide­s

- JEAN-MICHEL GENOIS GAGNON

Les caisses en libre-service prennent du galon chez les détaillant­s. Le géant du commerce de détail Walmart testera même un concept de magasin sans caissier au Québec. Un projet-pilote sera lancé à la fin de l’été dans son magasin de Sainte-agathe-des-monts.

« Notre entreprise est en plein coeur d’une transforma­tion et nous poursuivon­s implacable­ment nos efforts afin de rendre l’expérience de magasinage dans les succursale­s plus simple et plus rapide pour nos clients », a indiqué le porte-parole de la chaîne, Steeve Azoulay.

Ces derniers jours, Walmart a annoncé le lancement d’un projet-pilote de « caisses libre-service à 100 % » au Canada et aux États-unis. Les magasins sélectionn­és n’auront donc plus de caisses traditionn­elles avec les tapis roulants.

Pour aider les clients, l’aire des caisses en libre-service sera dotée de préposés, avance la direction. Selon les résultats, Walmart pourrait déployer, par la suite, cette formule dans d’autres succursale­s.

« Nos clients ont adopté les nouvelles caisses en libre-service dans les succursale­s au fur et à mesure que celles-ci ont été installées partout au pays au cours des dernières années », indique M. Azoulay, ajoutant que ces espaces ont été agrandis pour répondre aux besoins.

Le détaillant assure que cette décision n’aura pas d’impact sur les emplois à Sainte-agathe-des-monts. La chaîne est présenteme­nt à la recherche de plus de 25 employés à ce site, notamment pour pourvoir des postes liés au déploiemen­t du service d’épicerie en ligne.

« Au fil des ans, nous avons entendu des préoccupat­ions selon lesquelles l’installati­on des caisses en libre-service a des répercussi­ons sur les emplois, mais cela n’est tout simplement pas le cas », affirme M. Azoulay.

LES AUTRES

Walmart n’est pas la seule à miser sur les caisses en libre-service. C’est aussi le cas de Decathlon à Brossard et à Laval.

Ces dernières années, plusieurs enseignes ont déployé des systèmes similaires tout en conservant un service traditionn­el, comme Dollarama, Canadian Tire, Pharmaprix, Metro et d’autres épiciers.

Hier, au Dollarama de Place Versailles, même si des caisses traditionn­elles sont toujours visibles, les clients étaient dirigés vers le libre-service. Aujourd’hui, 250 magasins Dollarama au pays proposent les deux options. L’entreprise déploie ces outils depuis 2016.

« Nous continuons à installer cette technologi­e en combinaiso­n avec des caisses traditionn­elles lors de l’ouverture de nouveaux magasins », dit la porte-parole, Lyla Radmanovic­h.

COUCHE-TARD ET AMAZON

L’an dernier, le géant Alimentati­on Couche-tard avait annoncé qu’il souhaitait tester une technologi­e de paiement autonome et sans contact dans certains dépanneurs aux États-unis. La chaîne d’épiceries du groupe Amazon Go mise aussi sur un concept de magasins sans caissier.

Selon Yan Cimon, professeur de stratégie et de gestion à l’université Laval, ce choix de Walmart pourrait s’avérer « marquant » pour l’industrie en raison de la position dominante de la chaîne. Il estime que d’autres détaillant­s pourraient emboîter le pas.

« En soi, c’est une bonne manière pour contrôler les coûts et demeurer concurrent­iels. […] Cela permettra de redéployer des ressources sur le plancher », explique-t-il.

Joanne Labrecque, professeur­e au Départemen­t de marketing à HEC Montréal, concède pour sa part que la pandémie a accéléré le virage technologi­que de plusieurs compagnies ainsi que l’utilisatio­n de ces outils par les clients.

« On peut penser que c’est une réaction à Amazon Go. Amazon est de plus en plus dans l’alimentair­e », dit-elle. « On sait aussi qu’il est plus difficile de recruter du personnel actuelleme­nt ».

« ABOMINATIO­N »

Pour Stéphane Lacroix, directeur des communicat­ions chez Teamsters Canada, l’utilisatio­n des caisses en libre-service est une « abominatio­n ».

« Souvent, les grandes entreprise­s veulent mettre en place des caisses automatisé­es pour réponse à une soi-disant pénurie de main-d’oeuvre ou pour suivre la tendance. Nous, on pense que c’est juste un moyen pour ces entreprise­s de ne pas payer des gens correcteme­nt », avance-t-il.

Du côté des Travailleu­rs et travailleu­ses unis de l’alimentati­on et du commerce, on dit suivre ce dossier de près. Pour l’instant, le syndicat souligne ne pas avoir constaté de perte d’emplois liée au déploiemen­t de ces technologi­es au fil des dernières années chez ses membres.

Roxane Larouche, responsabl­e des communicat­ions, concède néanmoins que plusieurs entreprise­s évoquent la pénurie de main-d’oeuvre pour justifier cette solution.

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PHOTOS COURTOISIE ET MARTIN ALARIE Les consommate­urs doivent de plus en plus utiliser les caisses en libre-service et emballer leur marchandis­e, comme on le voit ici dans un Walmart, au Dollarama de Place Versailles et chez Decathlon à Laval.
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