Le Journal de Quebec

Trop d’indifféren­ce et de méfiance envers les vaccins

- DENISE BOMBARDIER denise.bombardier@quebecorme­dia.com

Ne sachant plus à quel saint se vouer, nombre de pays ont cru bon d’offrir des cadeaux à ceux qui hésitent encore à se faire vacciner contre la COVID-19.

C’est dire dans quel monde en désarroi nous vivons tous. Plutôt que de considérer les vaccins comme le fruit de l’avancement de la science, comme un cadeau pour nous mettre à l’abri des virus, des milliers de personnes se sentent plus menacés par le vaccin que par la COVID-19.

Comment expliquer qu’au Québec, par exemple, seulement 63 % des jeunes de 18 à 29 ans ont reçu la première dose du vaccin ? Que font les autres ?

Que faut-il offrir aux citoyens à part des courses gratuites en voiture ? À travers le Canada et les États-unis, il existe des incitatifs de tous genres. Des hot-dogs, des beignes, des pizzas, voire des bons d’épargne allant jusqu’à 100 $.

ARGENT

Chez Olymel, au Québec, tous les employés ont droit à 50 $ pour les deux doses. En Alberta, on ne lésine pas non plus. On a créé une loterie spéciale de trois montants d’un million de dollars susceptibl­es d’être gagnés par ceux qui respectent les directives publiques et acceptent de se faire vacciner.

Le phénomène est maintenant mondial. Même en Chine, pays autoritair­e s’il en est un, les responsabl­es politiques ont décidé d’attirer les citoyens récalcitra­nts en offrant des oeufs, des bons de réduction, et même des prix en argent. En Inde, compte tenu de la culture, l’on offre plutôt des allègement­s fiscaux, comme à New Delhi et dans l’état de Gujarat, et l’on offre aux femmes un piercing nasal en or.

Cela en dit long sur l’état d’esprit des gens, quels que soient les pays où ils vivent. C’est à se demander si même dans nos pays développés où les citoyens ont accès plus ou moins gratuiteme­nt aux soins médicaux, il ne faudra pas un jour les payer en espèces ou en cadeaux divers pour qu’ils se fassent soigner.

N’est-il pas troublant de constater la proportion des gens, même au Québec, qui sont devenus sceptiques quant à l’efficacité des vaccins, et qui, durant cette pandémie, ont développé des peurs irraisonné­es sur le principe même de la vaccinatio­n ?

CONTRE-VÉRITÉS SCIENTIFIQ­UES

Il est normal que les scientifiq­ues discutent entre eux des aspects négatifs des médicament­s et des moyens thérapeuti­ques de contrer les virus. Mais comment rassurer le reste de la population qui, emporté par la vague envahissan­te de fausses informatio­ns et de contre-vérités scientifiq­ues qui déstabilis­ent et paniquent les plus anxieux et les plus perturbés, reste sans défense et sans protection ?

Nous avons tous croisé, même parmi nos amis que nous croyons connaître, des gens qui sont devenus intoxiqués par leurs lectures. C’est une vertu que d’accepter les divergence­s d’idées et d’opinions. Mais c’est un choc et une tristesse quand on est témoin de la dérive intellectu­elle et psychologi­que de ceux qui ont basculé dans le camp des irrationne­ls.

Il est triste aussi de constater une espèce d’indifféren­ce ou le contraire, de la crainte, chez trop de jeunes. Hélas, le malaise qui les habite face au vaccin risque de nous coûter cher collective­ment.

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Sortir de la pandémie n’est pas une sinécure.
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