Les anti-québécois
Retenons d’abord leurs noms.
Anthony Housefather. Anju Dhillon. Sherry Romanado. Peter Schiefke. Angelo Iacono. Emmanuella Lambropoulos. Francis Scarpaleggia. Patricia Lattanzio. Sameer Zuberi.
Les neuf sont Québécois et députés libéraux du Québec à la Chambre des communes. Et les neuf, mercredi, se sont abstenus lors du vote sur la motion du Bloc québécois reconnaissant le droit du Québec, comme nation française, de modifier librement le segment de constitution qui lui appartient.
NATION
Ils se sont abstenus parce qu’ils n’ont pas eu le courage de s’y opposer. Mais cette abstention a une signification politique très forte.
Il faut comprendre l’essentiel de leur message. Ils sont Québécois, mais rejettent la nation québécoise et ses droits politiques fondamentaux. Ils sont Québécois, mais se vivent au Québec comme les représentants politiques d’une minorité anglophone assiégée, moins composée aujourd’hui de membres historiques de la communauté anglaise que de figures « issues de la diversité », ce qui en dit beaucoup sur notre capacité d’intégration.
C’est la grande blague de la politique canadienne : la minorité anglophone, au Québec, serait menacée.
La minorité anglo-québécoise est d’abord et avant tout la représentante de la majorité anglo-canadienne au Québec.
Et surtout, on vient de le revoir, ses représentants politiques sont viscéralement hostiles à la moindre ouverture au nationalisme québécois, toujours suspecté d’autoritarisme et d’abriter une tentation ethnique.
MÉFIANCE
Que dirait-on d’un homme jugeant l’italie trop italienne, la Grèce trop grecque ou le Pakistan trop musulman ? Que répondrait-on à un homme affirmant que ces pays ne méritent pas d’exister et de jouir de l’indépendance ? Qu’il est fou. Et on aurait raison de le faire.
Mais au Québec, le simple fait de rappeler que nous sommes une nation engendre de la méfiance. On ne nous reproche pas nos excès. On nous reproche d’exister.
Mercredi, ces neuf députés libéraux québécois se sont comportés comme des anti-québécois.