Le Journal de Quebec

La vengeance de Claire

- ANTOINE ROBITAILLE antoine.robitaille@quebecorme­dia.com

Difficile de croire l’ex-caquiste Claire Samson lorsqu’elle jure ne pas avoir agi par « vengeance » en se rangeant sous la bannière conservatr­ice.

J’étais à quelques mètres d’elle en 2018, au Salon rouge, lors de la cérémonie d’assermenta­tion des ministres. Aux applaudiss­ements, elle fut la seule des caquistes à rester assise. Puis, elle avait quitté la pièce ostentatoi­rement pour rentrer à la maison !

Je n’avais jamais rien vu de tel lors de la présentati­on d’une équipe ministérie­lle.

BLESSÉE

La décision de François Legault de ne pas lui donner un siège au Conseil des ministres l’avait « terribleme­nt déçue » comme elle me l’avait dit à QUB radio en décembre 2019. Elle avait même reconsidér­é sa carrière politique avant de choisir de rester.

Ancienne gestionnai­re dans le domaine de la culture et des communicat­ions (Radio-canada, TQS, TVA, ainsi qu’à l’associatio­n québécoise de la production médiatique), elle se voyait ministre de la Culture depuis longtemps.

Elle a beau dire que les faits remontent à « presque trois ans maintenant », qu’elle a « tourné la page », on sait que la vengeance est un plat qui se mange froid.

SYLVIE ROY

Son nouveau chef Éric Duhaime a évoqué le précédent de Sylvie Roy, qui avait quitté le caucus de la CAQ en 2015.

« Quand on a le courage de se tenir debout face à François Legault, il peut y avoir des conséquenc­es fâcheuses, mais je peux vous dire que ces mauvaises langues là, on ne leur laissera pas faire le même coup deux fois. »

Qu’évoquait-il exactement ? Sylvie Roy est morte un an après sa défection, à 51 ans, d’une hépatite aiguë.

Au moment de sa démission, des « problèmes personnels liés à la consommati­on d’alcool avaient été évoqués ». L’actuel ministre des Transports, François Bonnardel, avait déclaré à RDI : « Je ne peux pas vous raconter tous les problèmes parce que ça ne se fait pas à la télévision. Humainemen­t, on a tout fait pour la rendre heureuse. »

DIFFÉRENDS

Revenons à Claire Samson. Lorsqu’on lui a demandé hier quels reproches elle adressait précisémen­t à François Legault pour quitter son parti, elle répondit d’abord ne pas vouloir en formuler « spécifique­ment » à son endroit.

Elle se contenta d’exprimer sa frustratio­n de se faire dicter des réponses par le parti en commission... Et déplora la décision du gouverneme­nt de rejeter le rapport de la Commissair­e à l’éthique dans le cas Fitzgibbon.

Sur les questions des règles sanitaires, condamnées par son nouveau chef, elle sembla plutôt... caquiste. Sur les causes humaines des changement­s climatique­s actuels, alors que Duhaime préférait ne pas prendre position, elle répondit qu’il était « évident » qu’il y en avait.

Certes, être « simple députée » d’un parti au pouvoir n’est pas toujours gratifiant. Plusieurs s’en accommoden­t, en espérant qu’un jour, ils seront appelés.

Claire Samson, elle, a choisi de se faire justice. Ce faisant, elle ouvre les portes de l’assemblée nationale au Parti conservate­ur et à Éric Duhaime. Un peu comme les premiers transfuges de la CAQ ont permis à François Legault de mettre les pieds au Parlement en 2011.

Fait cocasse : le mode de scrutin ne sera pas changé, mais le nombre de partis présents au Parlement augmente malgré tout. On est rendu à cinq, comme en 1976 !

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qu’elle a « tourné la page », on sait que la vengeance est un plat qui se mange froid.
Claire Samson a beau dire que les faits remontent à « presque trois ans maintenant », qu’elle a « tourné la page », on sait que la vengeance est un plat qui se mange froid.
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