Le Journal de Quebec

Le Canada toujours en amour avec la Chine malgré les risques d’espionnage

En cette période de « guerre froide » entre les États-unis et la Chine et de craintes majeures manifestée­s par les membres de L’OTAN envers la Chine, nos relations commercial­es restent solides avec la deuxième puissance mondiale.

- MICHEL GIRARD michel.girard@quebecorme­dia.com

Et ce, en dépit du fait que la Chine détient toujours en prison Michael Spavor et Michael Kovrig. Ces deux citoyens canadiens ont été arrêtés en décembre 2018, quelques jours après l’arrestatio­n à Vancouver de Meng Wanzhou, la directrice financière du géant chinois des télécommun­ications, Huawei. La fille du fondateur de Huawei avait été arrêtée à la demande du gouverneme­nt américain qui l’accuse d’avoir contourné les sanctions américaine­s contre l’iran.

Le gouverneme­nt Trudeau estime que l’arrestatio­n des deux Michael représente une forme de représaill­es contre le Canada.

Mais qu’à cela ne tienne, la Chine demeure le deuxième plus grand partenaire commercial du Canada et du Québec.

Les échanges commerciau­x entre le Canada et la Chine s’élèvent à

102 milliards de dollars. C’est la Chine qui en sort nettement gagnante alors que nous avons importé en 2020 des produits chinois pour une valeur de 76,5 milliards $. Les importatio­ns chinoises sont trois plus élevées que les produits canadiens exportés en

Chine, dont la valeur atteignait les 25,2 milliards l’an dernier.

Concernant les échanges commerciau­x entre la Chine et le Québec, ils se chiffraien­t l’an dernier à 17,5 milliards de dollars. Là aussi, c’est la Chine qui en retire les plus grands avantages financiers. On a importé des produits chinois pour une valeur globale de 12,7 milliards de dollars, comparé à des exportatio­ns de produits québécois totalisant 4,8 milliards de dollars.

LISTE NOIRE AMÉRICAINE

Il est important de rappeler que, contrairem­ent aux États-unis, le Canada n’a pas dressé de « liste noire » d’entreprise­s s chinoises qui soutie nnent les activités militair res de Pékin ou qui sont t impliquées dans du matériel de surveillan­ce pouvant être utilisé en Chine ou dans le monde entier contre la minorité musulmane des Ouïghours et les dissidents.

Quelque 59 entreprise­s chinoises font t présenteme ent partie de ce ette « liste noire e » . Le gouverneme­nt de Joe Biden a ordonné aux Américains (individus et entreprise­s) qui détiennent des participat­ions et autres intérêts financiers dans ces sociétés de les céder d’ici le 2 août prochain.

Cette liste inclut de grands groupes de la constructi­on, des télécoms ou des technologi­es, comme le fabricant de téléphones Huawei, le géant pétrolier CNOOC, China Railway Constructi­on, China Mobile, China Telecom, la société de vidéosurve­illance Hikvision, etc.

DANGER CANADIEN

Mon collègue Francis Halin rapportait cette semaine que l’ex-ambassadeu­r du Canada en Chine, Guy SaintJacqu­es, déplorait l’absence d’une telle « liste noire » au Canada.

« Non seulement on a besoin d’une liste, dit-il, mais on a besoin d’une stratégie beaucoup plus élaborée, qui couvrirait la recherche au niveau universita­ire. »

Affaires mondiales Canada prétend que : « La Loi sur Investisse­ment Canada a en place un processus d’examen rigoureux pour évaluer tous les investisse­ments étrangers comportant des préoccupat­ions en matière de sécurité nationale. »

Cela ne rassure aucunement l’ex-ambassadeu­r Saint-jacques : « C’est trop peu, trop tard », a-t-il rétorqué.

INVESTISSE­MENTS EN CHINE

Étant la deuxième puissance économique mondiale, la Chine attire évidemment les grands investisse­urs institutio­nnels de par le monde, dont les grands fonds de pension, caisses de retraite, fonds communs de placement.

Prenon ns nos deux géants canad iens du merveileux monde du placee nt, soit la Caisse e dépôt et placement du Québec 3 365 milliards de dollars d’actif net) t l’office d’inestissem­ent du éégime de pensions u Canada (actif et : 497 milliards de ollarrs).

Nos deeux gros fonds gouvern ementaux détiennent des positions relativeme­nt importante­s dans les entreprise­s chinoises.

En date du 31 mars 2021, l’office d’investisse­ment possédait des placements chinois pour une valeur globale de

57,5 milliards de dollars. Cela équivaut à plus de deux fois la valeur totale des produits canadiens exportés en Chine.

Du côté de notre Caisse de dépôt et placement, ses placements dans les sociétés chinoises totalisaie­nt à la fin de décembre 2020 une valeur de 13,9 milliards $, soit 2,9 fois la valeur des produits québécois exportés en Chine.

En passant, la Caisse possède des actifs de 375 millions de dollars dans des entreprise­s chinoises qui font partie de la fameuse « liste noire » américaine.

La question de l’heure revient à l’ex-ambassadeu­r Saint-jacques : « Maintenant que L’OTAN déclare que la Chine est un adversaire, comment justifie-t-on que nos fonds de pension investisse­nt dans ces entreprise­s ? »

La Caisse possède des actifs de 375 millions de dollars dans des entreprise­s chinoises qui font partie de la fameuse « liste noire » américaine

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Guy Saint-jacques Ex-ambassadeu­r du Canada en Chine
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