Le Journal de Quebec

Une bataille à la David contre Goliath pour éviter des hausses de loyer

- OLIVIER BOURQUE

La Caisse et son partenaire américain Blackstone sont dans la mire de locataires new-yorkais qui bataillent pour éviter une augmentati­on de leur loyer.

Depuis plusieurs années, le combat des locataires de cet immense complexe d’édifices bruns de style soviétique s’apparente à celui de David contre Goliath, rappelle l’ancien conseiller municipal, Dan Garodnick, qui s’est battu dans les années 2000 pour plafonner les loyers.

« Pendant longtemps, il y a eu beaucoup d’incertitud­es pour les locataires. Mais nous avons remporté une bataille afin de conserver les loyers à prix plus abordables. Le petit se fait souvent battre par les grandes banques et les groupes immobilier­s, mais notre groupe était non seulement organisé, mais aussi bruyant et passionné », a-til rappelé lors d’une entrevue avec Le Journal.

ACTION EN JUSTICE

Mais quelques années plus tard, un nouveau combat se profile. Blackstone et Ivanhoé Cambridge (IC) veulent déréglemen­ter plusieurs centaines d’appartemen­ts en vertu d’une entente avec la Ville de New York signée lors de l’achat en 2015. Cela ouvrirait la voie à une hausse considérab­le des loyers.

IC avait déjà été critiquée pour des tactiques similaires à Montréal, après avoir acheté le complexe résidentie­l Rockhill dont elle s’est finalement départie en 2019.

De l’autre côté, l’associatio­n des locataires de Stuyvesant Town – Peter Cooper Village a entamé une procédure judiciaire contre les propriétai­res. Elle veut s’assurer du respect de la loi de 2019 adoptée par l’état de New York qui limite la hausse des loyers. Le tribunal doit donc déterminer si la loi a préséance sur l’entente avec les propriétai­res.

« Plusieurs locataires ont peur, car si on perd notre cause, certains verront des hausses de loyers de 5 % par année et après il n’y aura plus de limite », s’inquiète Susan Steinberg, présidente de l’associatio­n.

LOYERS TRÈS DISPENDIEU­X

Son inquiétude vient du fait que les loyers sont déjà extrêmemen­t élevés, tout près du prix du marché. Même s’ils sont réglementé­s, les appartemen­ts les moins chers (une chambre) sont disponible­s à 3100 $ par mois et ils peuvent atteindre jusqu’à 6900 $ (trois chambres).

« Blackstone affirme que nous sommes riches ! Mais ce n’est pas vrai. Pendant la pandémie, certains ont perdu leur appartemen­t, plusieurs doivent partager leur loyer avec des colocatair­es. Les gens adorent rester ici, mais s’il y a des hausses trop importante­s, j’en connais qui devront partir », croit Mme Steinberg.

ISSUE INCERTAINE

Dans ce dossier, même si elle a signé une entente avec les propriétai­res, la Ville de New York est aux côtés des locataires dans leur bataille. Et l’issue demeure incertaine.

« La loi a longtemps été en faveur des propriétai­res et on a corrigé la situation. Maintenant, les locataires ont plus de droits. Ça permet de garder les loyers réglementé­s de façon permanente. Nous avons eu notre bataille, celle-ci est différente, mais je sais qu’ils vont remporter leur cause, car elle est juste », a estimé Dan Garodnick.

« NOUS NE SOMMES PAS RICHES ! PENDANT LA PANDÉMIE, CERTAINS ONT PERDU LEUR APPARTEMEN­T, PLUSIEURS DOIVENT PARTAGER LEUR LOYER AVEC DES COLOCATAIR­ES. » – Susan Steinberg

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PHOTO COURTOISIE Susan Steinberg, présidente de l’associatio­n des locataires du Stuyvesant Town – Peter Cooper Village, à New York.
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CHARLES-ANTOINE LUSSIER V.-P. principal

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