Enrico Ciccone, le coeur brisé…
« Ça fait trois ans que François Legault a devant lui un homme qui lève la main pour être entendu, pour tenter de faire progresser le hockey québécois et de mieux protéger nos jeunes sur les patinoires, ça fait trois ans qu’il regarde ailleurs. On le sait que Hockey Québec, ça ne fonctionne pas. Faut que ça change. Me semble que pour le bien de nos jeunes, on devrait être capable de mettre son orgueil de côté et travailler ensemble. »
C’est Enrico Ciccone qui réagit aux propos du premier ministre sur l’état du hockey québécois, sur son désir de laisser comme legs de ses années en politique un sport qui permettrait à plus de Québécois de briller.
Le hic, c’est que François Legault n’a pas défendu ces positions à RadioCanada, au 91,9 Sports, au Journal de Montréal ou à La Presse. Il a choisi de se comporter en et a livré ses réflexions et l’amorce de ses actions avec la ministre Isabelle Charest à
La Poche bleue, un balado animé par Guillaume Latendresse et Maxim Lapierre.
« Il a tenu des propos intéressants sur le développement de notre hockey et de nos jeunes. Merci d’arriver en ville ! Ça fait 10 ou 15 ans qu’on voit ce recul, que la Finlande et la Suède, entre autres, nous défoncent au Québec avec des fédérations moins importantes que la nôtre, 10 ans qu’on voit progresser les Américains et qu’on reste assis sans rien faire. En plus, je pense que ce sont surtout les questions posées qui ont entraîné des réponses. Je ne suis pas certain que le PM était rendu là dans ses réflexions », de dire Ciccone.
AH ! LES MARITIMES !
Enrico Ciccone a joué son rôle de bagarreur dans la Ligue nationale. En endurant un stress qui aurait pu le démolir. Devenu agent de joueurs et commentateur professionnel à Radio-canada, à TVA et à la radio, il s’est battu avec acharnement pour faire disparaître la violence organisée dans le hockey mineur. Élu député, il a tenté de présenter un projet de loi pour interdire toute bataille à poings nus dans le hockey chez les jeunes, mais le premier ministre a indiqué que ça ne pouvait fonctionner parce que six des équipes de la Ligue junior majeure du Québec sont implantées dans les Maritimes.
« Quand j’entends le premier ministre et le doyen de l’assemblée nationale parler ainsi et sacrifier les jeunes des 12 villes du Québec, je suis abasourdi. Surtout que la journée même où il a fait sa déclaration, sa ministre Isabelle Charest disait le contraire à TVA. Qu’ils se parlent », de dire le député libéral.
LE SPORT, ENFANT PAUVRE
N’empêche que ces déclarations de Legault ouvrent enfin la porte à un débat, à une réflexion plus approfondie.
« Le premier ministre remet en cause le modèle actuel. Avec raison. C’est tout le sport qui est l’enfant pauvre au gouvernement québécois. Pas une virgule n’a été changée dans les règlements sur la sécurité dans les sports depuis 2007. Rien. Personne n’en parle sérieusement à l’assemblée nationale. Alors que le sport devrait être lié directement à la santé. Chaque dollar investi dans le sport peut apporter une plus longue espérance et surtout une meilleure qualité de vie. Il faut se pencher sur la situation actuelle et ensemble définir un nouveau plan. Moi, dans mon comté, je fais de mon mieux. Je donne des bourses de 500 $ aux écoles ou aux organismes qui me soumettent les candidatures des cinq meilleurs jeunes qui ont su se dépasser pendant la pandémie. Mais je ne peux faire ça à la grandeur du Québec malgré les demandes que je reçois. Je trouve des gens pour encourager les jeunes. Dominique Ducharme a été le premier à accepter, comme Patrice Bernier et Danny Maciocia. Moi-même, c’est insensé le nombre de parents qui m’appellent. Leurs jeunes qui réussissaient bien à l’école, qui jouaient au football ou au hockey, sont écrasés dans le sous-sol et décrochent. Je les rappelle tous et je demande à parler aux jeunes. Des fois, d’un athlète à un autre athlète, on trouve des mots. Mais c’est effrayant ce qu’on fait subir à nos jeunes. Ça me brise le coeur à chaque fois. Ça me déchire. J’en dors plus. Ma femme est obligée de me rappeler de choisir mes combats, que je ne pourrai pas tous les sauver », de dire Cicco.
NE PAS TOUT RÉINVENTER
Ciccone est content que Legault se soit exprimé sur l’état du hockey.
« Je sais qu’il est un du CH.
Mais moi, je dis quoi à la mère qui se demande pourquoi ils peuvent être 3500 spectateurs aux matchs du Canadien et qu’elle, elle n’a pas le droit d’aller voir l’entraînement de l’équipe de sa fille ? », dit-il.
Et si jamais Mme Charest, qui lui répond toujours rapidement quand il lui transmet des questions des parents, ou Legault daignaient rencontrer Ciccone, il leur dirait quoi à propos de Hockey Québec et du hockey québécois ?
« Je dirais de ne pas tout chambarder. On a déjà tenté de tout réinventer avec Hockey Québec avec les résultats désastreux qu’on connaît. Ça n’a pas marché. Si on pouvait seulement arrêter de cibler l’élite dès l’âge de 12 ans, si on pouvait laisser les jeunes jouer et s’amuser avant de les enrôler, ce serait déjà beaucoup. De toute façon, en vieillissant et en grandissant, la crème finit par monter sur le dessus », dit Ciccone.
Et puis, La Poche bleue, c’est bien. Mais un vrai débat, une vraie réflexion à l’automne, ce serait mille fois mieux.
Et Enrico Ciccone est prêt à fournir tout son vécu, tout son parcours de vie, toute sa passion. À qui le demandera pour les bonnes raisons.
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